Dr Amine BENMOKHTAR
Expert en Gestion des crises
La sécurité d’un État englobe l’ensemble des mesures nécessaires pour prévenir toute forme de déstabilisation, qu’elle provienne de l’intérieur ou de l’extérieur, tout en protégeant les citoyens et les intérêts vitaux essentiels.
Ces intérêts, représentant les besoins fondamentaux de l’État, sont indispensables pour garantir sa continuité et sa stabilité. Ils couvrent divers aspects : économiques, sécuritaires, politiques et sociaux. La sécurité de l’État repose ainsi sur plusieurs dimensions interconnectées et complémentaires. La sécurité nationale œuvre à protéger la souveraineté de l’État et son intégrité territoriale contre les menaces extérieures. La sécurité économique consiste à assurer la durabilité des ressources économiques, notamment énergétiques, tout en protégeant l’économie contre les perturbations financières. La sécurité sociale vise à maintenir la stabilité sociale en protégeant les citoyens des conflits sociaux, du chômage et des discriminations. La sécurité environnementale, quant à elle, se concentre sur la préservation des ressources naturelles et la protection de l’environnement face aux défis comme la pollution, les accidents industriels, les changements climatiques et les catastrophes environnementales.
La cybersécurité est essentielle pour défendre les bases de données et les réseaux informatiques contre les cyberattaques et les intrusions malveillantes. La sécurité alimentaire garantit un approvisionnement suffisant et continu pour éviter les pénuries. La sécurité sanitaire joue un rôle clé dans la prévention des maladies, épidémies et pandémies, en assurant un accès adéquat aux services de santé. La sécurité culturelle protège l’identité nationale et le patrimoine contre les influences idéologiques, les vols et l’invasion culturelle étrangère. Enfin, la sécurité militaire s’attache à défendre l’État contre les menaces armées en renforçant ses capacités de défense et en maintenant un haut niveau de préparation. Ces différentes dimensions, formant un tout cohérent, visent à garantir la stabilité et la résilience de l’État face aux défis contemporains, qui ne peuvent être surmontés que par un développement constant et inclusif.
Les menaces pesant sur la sécurité d’un État, qu’elles soient internes ou externes, posent des défis. Les menaces internes incluent l’instabilité politique, les mouvements sociaux et, parfois, des actes de sabotage. La décennie noire a illustré l’impact dévastateur d’un terrorisme loin d’être aveugle sur notre société et nos institutions. Plus récemment, des tensions communautaires, comme celles vécues entre les ibâdites et leschaabnas ou en Kabylie, ont révélé la fragilité des équilibres internes. Bien que localisées, ces crises peuvent s’étendre si elles ne sont pas gérées. Les instigateurs de ces tensions visent délibérément à fragiliser l’État algérien et sa sécurité.
Par ailleurs, les rivalités géopolitiques, les ingérences étrangères et les alliances hostiles constituent des menaces majeures. Les tensions avec le pseudo-voisin de l’Ouest, exacerbées par la question du Sahara occidental et les relations du makhzen avec l’entité sioniste, représentent une pression constante sur la stabilité régionale. Des acteurs externes exploitent souvent des failles internes pour affaiblir l’État et ses institutions, impactant ainsi sa sécurité.
Les campagnes de désinformation et de manipulation orchestrées sur les réseaux sociaux témoignent de cette réalité.
La crise actuelle avec la France, sciemment nourrie par des ingérences dans les affaires intérieures de l’Algérie, trouve dans l’affaire du colonisé Boualem Sansal une nouvelle source de tensions. Cette stratégie vise clairement à affaiblir et à soumettre l’État algérien. Cette situation s’est intensifiée avec le différend sur le Sahara occidental, perçu comme une remise en cause de nos positions diplomatiques. Les enjeux géopolitiques amplifient ces tensions, ravivant les rancœurs historiques, notamment à travers des actions et déclarations hostiles comme les sois-disons aides économiques.
À l’ère du numérique, les réseaux sociaux sont devenus des outils redoutables pour manipuler l’opinion publique et fragiliser les institutions. Des individus tels que Hichem Aboud, Amir DZ ou Anwar Malek utilisent ces plateformes pour diffuser des messages critiques envers les institutions de l’État et ses dirigeants. Si la critique est un pilier de toute démocratie, ces influenceurs vont bien au-delà, semant le doute parmi le peuple et au sein des institutions, et affaiblissant ainsi la cohésion nationale.
Le complot contre l’État et sa sécurité est une réalité indéniable. Les menaces sont bien réelles et peuvent entraîner de lourdes conséquences si des mesures appropriées ne sont pas prises pour les contrer. Il n’est plus acceptable de réduire l’idée du complot à un simple prétexte politique ou un outil pour disqualifier des oppositions. Au contraire, il est essentiel de prendre cette notion au sérieux et de distinguer les véritables menaces pour protéger l’État et ses intérêts vitaux. Nos institutions doivent renforcer leur résilience en adoptant une approche de développement global et inclusif pour prévenir toute tentative de déstabilisation.