Cosider Canalisation, l’un des fleurons de l’industrie et de l’engineering en Algérie, s’est récemment engagé dans un projet hautement technologique qui sera sans doute un nouveau défit pour cette entreprise publique, autrefois confinée aux travaux d’hydraulique.
Le projet planifié sur les champs gaziers de Rhourde Ennous consiste en l’électrification des nouvelles installations annexe du complexe à travers le photovoltaïque.
Un défi technologique
Rhourde Ennous, deuxième champ gazier du pays après Hassi R’mel, n’a pas besoin de faire des économies sur l’énergie, puisqu’il est en mesure d’illuminer la moitié du Sud de l’Europe. Mais, le défi réside dans la maitrise des technologies du photovoltaïque dans un environnement atmosphérique très rude et dans le cœur-même d’un champ gazier hautement sensible aux accidents électriques.
Un important appel d’offres pour la fourniture d’ateliers de production d’énergie solaire vient d’être lancé par Cosider Canalisation. Cette opération, qui s’inscrit dans la stratégie nationale de diversification énergétique, marque un tournant significatif dans l’exploitation des ressources renouvelables au sein du secteur pétrolier algérien.
Cet appel d’offres national et international restreint vise à équiper en panneaux solaires le site de Rhourde-Nouss. L’objectif affiché est d’alimenter en énergie propre un vaste réseau de collecte et d’installations de surface destiné au raccordement de dix-huit puits vers les infrastructures existantes de Rhourde-Nouss. Cette approche reflète une volonté de moderniser le secteur des hydrocarbures tout en
réduisant son empreinte environnementale. Cette démarche s’inscrit dans un contexte mondial où les majors pétrolières et gazières sont de plus en plus nombreuses à intégrer les énergies renouvelables dans leurs opérations d’extraction. Pour l’Algérie, dotée d’un potentiel solaire considérable avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, cette hybridation énergétique représente une opportunité stratégique.
D’un point de vue technologique, l’intégration de systèmes photovoltaïques dans les opérations pétrolières et gazières représente un défi considérable. Ces installations devront fonctionner dans des conditions climatiques extrêmes, caractéristiques des régions sahariennes : températures élevées, tempêtes de sable, et variations thermiques importantes entre le jour et la nuit.
Les systèmes solaires devront également s’intégrer parfaitement aux infrastructures existantes tout en garantissant une production énergétique stable et prévisible. L’autonomie énergétique des sites d’extraction constitue un enjeu majeur dans des zones aussi isolées que le champ de Rhourde-Nouss.
GTP, pionnier
La première opération d’électrification d’un champ d’hydrocarbures a été réalisée par la filiale de Sonatrach, GTP sur le champ gazier de BRN, un site important, exploité conjointement avec l’italien ENI. Sur ce projet, GTP a réalisé une centrale photovoltaïque de 10 Mwh, en première phase, avant d’engager une seconde opération avec la même capacité. Cette opération s’inscrit dans la continuité des engagements pris par l’Algérie en matière de transition énergétique. Le pays s’est en effet fixé comme objectif d’atteindre une capacité de production de 15 000 MW d’énergie renouvelable d’ici 2035, avec une forte composante solaire. Pour Cosider Canalisation, filiale du groupe public de BTP Cosider, ce projet représente également une opportunité de diversifier ses activités et de se positionner comme un acteur clé de la transition énergétique dans le secteur des hydrocarbures.
Il faut rappeler que Cosider Canalisation a réalisé avec brio la station de dessalement d’eau de mer de Fouka (Tipasa), un chef d’œuvre qui lui a valu les félicitations du président de la République et la reconnaissance de tous les experts en la matière.
Aujourd’hui, l’Algérie devrait être fière de disposer de telles entreprises, publiques ou privées, à même de rivaliser avec les multinationales. Les jeunes algérien ont, à travers ces projets, repoussé toutes les limites du possible et prouvé qu’ils n’ont rien à envier au « autres ». Ces jeunes devraient à leur tour témoigner de la reconnaissance au président de la République qui a inculqué une politique industrielle résolument tournée vers l’outil national. On doit rappeler, à ce titre, que le projet de la station de dessalement d’eau de mer de Fouka avait été attribué à une entreprise étrangère, avant d’être affecté à Cosider Canalisation sur instructions du président de la République. Par ailleurs, un projet aussi sensible que celui de R’hourde Ennous n’aurait jamais atterri chez Cosider Canalisation s’il n’y avait pas cette politique d’encouragement des compétences nationales. Sous d’autres gouvernements, ce projet aurait été attribué à une multinationale qui l’aurait exécuté sous d’autres conditions.
Y.M