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jeudi, février 13, 2025

Contribution: l’exportation du ciment en question

Par Mokrani khalil (retraité)

J’ai appris que l’Algérie (Lafarge –Holcim ) vient de procéder à l’exportation de 16 000 tonnes de ciment vers la Gambie  et le chargement du bateau s’est fait en 7 jours . Tout simplement aberrant si ce n’était Lafarge Holcim  qui exporte son ciment vers ses partenaires en Afrique.

Pourquoi 7 jours alors que l’opération aurait nécessité moins d’une journée ? Tout simplement parce que  les infrastructures  portuaires pour l’exportation de ciment sont inexistantes en Algérie .

Un bref rappel relatif sur les réalisations relatives à la distribution du ciment en Algérie.

Déjà dans les années 70 la Société nationale des matériaux de construction (SNMC) avait réalisé ,en parallèle avec la construction des cimenteries ,des centres de distribution de matériaux de construction nt (CDMC) au nombre de 10 à travers le territoire national, CDMC reliés par voie ferrée au réseau national SNTF et approvisionnés par les cimenteries existantes.  Le manque de ciment des années passées n’a pas permis l’exploitation rationnelle de ces structures .

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C’est quoi un CDMC ?

Un faisceau de rails, 2 silos ciment de 2 000 tonnes chacun , des ensacheuses et un compresseur pour le transfert du ciment vrac, des wagons  cocottes (60 tonnes), un compresseur pour le transfert  du ciment vers les silos de stockage. La rame de train  transportait au moins 1000 tonnes de ciment vrac .

Le produit était donc rapproché des centres de consommation évitant par la même la noria de camions sur les routes et sur de très longues distances avec toutes les conséquences désastreuses engendrées pour l’état des routes, les accidents, les encombrements, la traversée des villes et villages, les nuisances sonores, la pollution etc… .

Aujourd’hui l’Algérie avance allègrement vers une production qui va dépasser les 40 millions de tonnes d’ici 2019.  Perspective connue depuis au moins 6 à 8 ans ,mais hélas rien n’a été fait.


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Que faire de tout ce ciment ?

Un excédent d’au moins 20 000 000 de tonnes si ce n’est plus .Actuellement beaucoup de cimenteries éprouvent des difficultés de commercialisation.

Dans l’immédiat pour ne pas voir nos cimenteries baisser le rideau peut être faudra t’il utiliser cet excédent de ciment pour la réalisation des routes pour remplacer le bitume importé. Travaux et expériences réalisées déjà en Europe. Route béton, ou grave ciment ,laitier des hauts fourneaux  etc..

Je laisse cette appréciation aux gens de métier pour réfléchir à cette opportunité ;et j’insisterai sur le très moyen terme à savoir l’exportation de ciment .Sur ce point il me semble que l’Algérie devrait se tourner plutôt vers l’Europe que vers l’Afrique ou le marché est détenu  et âprement défendu par de très grands groupes cimentiers produisant sur place   -Lafarge Holcim, Heidelberg et les 2 grands géants Nigerians (prévision de production de 100 millions de tonnes en 2020) et Sud Africain , même les marocains  ont investit dans le ciment en Afrique .

Pourquoi l’Europe ?

Bien que la consommation de ciment soit   stable ou même en régression, l’investissement de plus en plus difficile pour causes écologiques, l’Algérie de par sa situation dans le bassin méditerranéen, de la qualité de son produit, Eh oui !!!! , de son cout d’énergie et de sa disponibilité en tout point du territoire, du cout de concession des gisements, du cout de la main d’œuvre, de la valeur du dinar ; de l’exonération  de taxes à l’exportation, pourrait  jouer un rôle important dans l’approvisionnement de l’Europe en ciment .Il est beaucoup plus facile de traverser la Méditerranée que le Sahara.

La France importe du ciment de la Grèce et de la Turquie pays ou les coûts de production sont certainement  beaucoup plus élevés  qu’en Algérie .


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 Que faire ?

Dans l’immédiat il est presque impossible d’exporter faute d’infrastructures portuaires, les coûts de surestarie des navires approvisionnés par camion rogneraient totalement les bénéfices attendus.

Actuellement beaucoup de nos cimenteries sont reliées au réseau  national de la voie ferrée et équipées pour le chargement du vrac dans les  wagons cocottes en un temps record . Toutes les nouvelles cimenteries doivent être reliées au réseau SNTF.

Ceci pour le transport. Au niveau des ports il s’agit tout simplement de créer des CDMC beaucoup plus importants .Des silos doivent être construits, équipés pour le chargement en vrac des navires (le remplissage peut se faire avec des pompes de 1 000 tonnes /heure) munis d’ensacheuses pour les clients désirant le ciment en sacs ,ou en big bag ,des hangars pour stocker  le ciment  en sacs  mis sur palettes préparé, en attendant le navire et prêt à être embarqué .

L’Algérie peut être encore plus agressive en se dotant de navires –silos flottants de 30 000 tonnes et plus – Ces navires qui approvisionnaient l’Algérie, sont équipés d’ensacheuses pour livrer le ciment en sacs au port du  client *livraison en bout de bande *sur camion.

Certains producteurs cimentiers disposant de capacités de broyage  importent le produit semi fini, appelé clinker pour être broyé dans leurs installations, ceci aussi est dans le domaine du faisable, (pour l’exemple, importation de clinker d’Egypte par ORASCOM pour sa cimenterie de M’sila  qui n’était pas  totalement terminée; ORASCOM engrangeait des bénéfices pendant la construction de son usine). L’Algérie peut exporter du clinker, le transport à partir des cimenteries se fera par wagons minéraliers.

Nos cimenteries tournent à plein régime, produisant actuellement  120 à 140% de leurs capacités installées, le cout de revient est d’autant plus bas, avec du matériel totalement amorti .En rognant légèrement sur le bénéfice des entreprises ; nul doute que nous atteindrons des coûts extrêmement compétitifs  pour cette richesse qui risque de connaitre des jours difficiles sinon sombres si rien n’est fait .

Dans la même optique, le transport de ciment par voie ferrée apportera une bouffée d’oxygène à la Sntf  et engendrera beaucoup de travail pour la chaudronnerie par la fabrication des wagons vraquiers.

Le même problème va se poser pour l’exportation des engrais .La réflexion doit être engagée.

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