Hier, les marchés mondiaux du pétrole ont été secoués par une hausse de près de 4% en raison de
l’escalade des tensions géopolitiques en Palestine occupée.
En effet, l’opération «Déluge d’Al-Aqsa», lancée samedi 7 octobre par les Brigades Al-Qassam, la
branche militaire du Hamas, a suscité des inquiétudes sur les approvisionnements.
Vendredi dernier, les prix du pétrole avaient clôturé en hausse, mais avaient enregistré des pertes
importantes sur la semaine. Cette tendance avait été attribuée à une vague de ventes sur le marché
obligataire américain, alimentant les craintes d’un ralentissement économique mondial et d’une
forte baisse de la demande de carburant.
Les contrats à terme sur le brut Brent standard pour livraison en décembre 2023 ont augmenté de
3,49%, atteignant 87,53 dollars le baril. Parallèlement, les contrats à terme sur le brut américain
West Texas Intermediate pour livraison en novembre 2023 ont augmenté de 3,84%, atteignant 85,97
dollars le baril, selon les données de la plateforme spécialisée dans l’énergie. Initialement, les deux
pétroles bruts de référence (Brent et West Texas Intermediate) avaient augmenté de plus de 4
dollars le baril plus tôt dans la séance, avant de connaître une légère baisse en raison de
l’intensification des affrontements armés dans les territoires occupés du Moyen-Orient.
Les analystes de la banque ANZ ont souligné dans une note adressée à leurs clients que les risques
géopolitiques croissants au Moyen-Orient devraient soutenir les prix du pétrole, ce qui pourrait
entraîner une plus grande volatilité sur les marchés pétroliers mondiaux. Cette hausse des prix a
marqué une inversion de la tendance à la baisse enregistrée la semaine dernière, laquelle avait été la
plus forte dépréciation hebdomadaire depuis mars. Le Brent avait chuté d’environ 11% et le brut
West Texas Intermediate de plus de 8% en raison des inquiétudes concernant l’impact de la hausse
des taux d’intérêt sur la demande mondiale.
D’autres experts ont averti que les risques pour le pétrole augmentent en raison de la possibilité d’un
conflit plus étendu qui pourrait se propager aux principaux pays producteurs de pétrole voisins, tels
que l’Iran et l’Arabie Saoudite. Cette situation a alimenté les préoccupations des investisseurs et a
contribué à l’incertitude sur les marchés internationaux du pétrole.
Rappel historique
Les 16 et 17 octobre 1973, quelques jours après le début de la guerre du Kippour, les nations arabes
membres de l’OPEP avaient décidé d’augmenter les prix du pétrole de 70% et de réduire la
production de 5% chaque mois. Le 20 octobre de cette année-là, l’Arabie Saoudite a imposé un
embargo sur les Etats-Unis. Ces décisions étaient interviennent en réaction au soutien américain aux
sionistes.
En quelques mois seulement, le prix du pétrole quadruple, passant de 2,60 dollars en octobre 1973 à
11,65 dollars en janvier 1974. A l’époque, le pétrole représentait 46% de la consommation
énergétique mondiale. Cette augmentation des prix fragilise particulièrement les économies des pays
occidentaux industrialisés, fortement dépendants du pétrole comme intrant essentiel dans leur
production. Cela entraîne une période de stagflation, caractérisée par une croissance économique
faible et une forte hausse des prix.
L’OPEP prévoit une hausse de la demande pétrolière
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a révisé à la hausse ses prévisions de
demande mondiale de pétrole à long terme, soulignant la nécessité urgente d’investissements
massifs dans le secteur. Selon les dernières données publiées lors de la conférence à Riyad
aujourd’hui, la demande mondiale de pétrole devrait passer de 99,6 millions de barils par jour en
2022 à 116 millions de barils par jour en 2045, une augmentation significative par rapport aux
estimations précédentes de 109,8 millions de barils par jour.
Le rapport d’Attaqa met en lumière cette croissance exponentielle, attribuée à l’augmentation de la
consommation due à la croissance économique et démographique. Pour répondre à cette demande
croissante, l’OPEP estime que le secteur pétrolier mondial nécessitera des investissements d’une
valeur de 14 000 milliards de dollars d’ici 2045, soit une augmentation par rapport aux estimations
précédentes de 12 100 milliards de dollars.
Cette prévision de la demande croissante de pétrole est accentuée par la projection d’une
augmentation de la population mondiale d’environ 1,5 milliard de personnes d’ici 2045,
principalement au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. De plus, une croissance économique
mondiale moyenne de 3% par an entre 2022 et 2045 est anticipée, doublant le Produit intérieur brut
(PIB) mondial de 138 000 milliards de dollars en 2022 à 270 000 milliards de dollars en 2045. L’Inde
émerge comme l’économie connaissant la croissance la plus rapide, avec un taux annuel de 6,1%.
Malgré ces chiffres impressionnants, l’OPEP a critiqué les estimations de l’Agence internationale de
l’énergie, qui prévoyait que la demande de pétrole atteindrait son pic avant 2030. L’OPEP souligne
ainsi l’importance cruciale de continuer à investir dans des projets pétroliers et gaziers pour
maintenir la sécurité énergétique mondiale.
Parallèlement, le rapport met en lumière un changement majeur dans le paysage énergétique
mondial. Les énergies renouvelables, notamment les énergies éolienne et solaire, devraient
connaître la croissance la plus rapide entre 2022 et 2045, avec une prévision de passage de 2,7% en
2022 à 11,7% en 2045 dans le mix énergétique mondial. Cependant, le pétrole restera la principale
source d’énergie malgré une légère baisse de sa part à 29,5%.
Les secteurs des transports terrestres, de la pétrochimie et de l’aviation devraient être les principaux
moteurs de la demande de pétrole entre 2022 et 2045, avec des augmentations prévues respectives
de 4,6 millions, 4,3 millions et 4,1 millions de barils par jour.
Dans le même temps, l’OPEP prévoit d’augmenter sa production pétrolière à 37,7 millions de barils
par jour d’ici 2028, atteignant finalement plus de 46 millions de barils par jour d’ici 2045. Cela
porterait la part de l’organisation dans l’offre mondiale à environ 40%.
I. K.