
Assimilé à un véritable tonneau des Danaïdes, le complexe sidérurgique d’El Hadjar (Annaba) qui a englouti des milliards n’arrive pas à surmonter les difficultés auxquelles il est confronté et qui ont manqué de le terrasser n’étaient les interventions des pouvoirs publics qui, à chaque fois, « colmataient les brèches » en mettant à contribution le Trésor public.
Tous les gouvernements qui se sont succédé se sont intéressés de près à ce complexe considéré comme étant « le fleuron de l’industrie nationale », chacun y injectant des sommes colossales pour le mettre à niveau mais il faut dire que cette politique qui consiste à renflouer à chaque fois les caisses de l’usine s’est avérée inefficace car l’on revient à chaque fois à la case départ.
La reprise du complexe par l’indien Mittal Steel à hauteur de 70 % en octobre 2001 avait au départ soulevé l’enthousiasme de toutes les parties y compris syndicat et travailleurs ; les autorités y voyaient là un moyen de s’affranchir de ce fardeau devenu trop lourd à supporter. La reprise s’était fait non sans dommages collatéraux puisque cela avait amené un dégraissage qui avait donné lieu au départ de près de12000 travailleurs avec la mise en place d’un plan social.
Plus d’une décennie plus tard, les engagements prévus dans le pacte d’actionnaires à savoir, entre autres, porter la production à 5 millions de tonnes/an n’avait pas été tenus et la situation empirait.En (décembre 2015) et après avoir fusionné avec ArcelorMittal et exploité le complexe jusqu’à en épuiser les capacités, l’Indien Lakshmi Mittal s’en débarrasse en le cédant avait-on claironne alors, au « dinar symbolique », ce qui est totalement faux dans la mesure où ce partenaire a laissé derrière lui une ardoise de près de 12 milliards de DA de dettes.
Là aussi, les pouvoirs publics sont intervenus pour prendre en charge la situation et mettre en branle un plan de relance de près de1 milliard de dollars pour la réhabilitation et la modernisation des installations. La concrétisation de ce plan s’est heurtée à bien des difficultés car l’on n’avait pas prévu la rénovation de certains équipements devenus obsolètes et non compatibles avec les nouvelles installations prévues. Toujours est-il que ce plan ne s’est pas encore totalement concrétisé et l’on essaye tant bien que mal de surmonter les difficultés rencontrées.
Il faut dire aussi que l’instabilité qui a caractérisé la situation de ce complexe est pour beaucoup dans ce se passe aujourd’hui. Les grèves cycliques qui l’ont secoué et qui ont sont le fait de manipulations politiques et de bras de fer entre syndicalistes véreux et directions, les nominations et les décisions intempestives, on démet et on promet selon les intérêts et accointances du moment ont fini par mettre à genoux cette réalisation industrielle nationale qui faisait, il n’ y a pas si longtemps la fierté nationale.
Les dernières visites de travail du ministre de l’industrie et du premier ministre au complexe sidérurgique avaient un caractère beaucoup plus pédagogique que financier. En effet l’on avait parlé de management et de gestion, seuls moyens à même de sortir le complexe de l’ornière dans laquelle il patauge depuis des années. Le premier ministre qui avait annoncé que l’Etat accompagnera le complexe et lui apportera son soutien au près des banques avait insisté sur la nécessite de changer le mode de gestion d’adopter un management qui prendra en compte la réalité de la situation avec un diagnostic sans concession pour ensuite apporter les correctifs nécessaires à partir desquels on pourra avoir une meilleure visibilité quant à l’avenir.
M.RAHMANI