Par Salah Bey
Il ne se passe pas un jour sans que la mémoire ne vienne remuer dans nos plaies. Il n’y a pas une semaine exempte de deuils. Il ne se passe pas un mois sans un événement historique brulant qui rappelle combien c’étaient ces atrocités coloniales subies. Il ne se passe pas un an sans nous rappeler combien c’est difficile de réconcilier la mémoire des victimes avec celle de leurs bourreaux.
A l’instar des autres mois de l’année, le 19 juin est plein de faits qui endeuillent nos souvenirs macabres et ravivent les leçons de courage léguées aux générations de l’après Révolution glorieuse.
Grandiose sont les sacrifices consentis par des Algériennes en larmes et des Algériens en armes, des couteaux dans des couffins parfois, souvent des bombes artisanales pour écrire la plus noble et brave Guerre à travers le monde.
Se remémorer la guillotine, c’est tuer des millions de fois Ahmed Zabana, premier guillotiné de la période coloniale lors de ce triste 19 juin 1956. Et pas que, car à la même date en 1871, les hordes du joug colonial ont mis à mort et à feu tout un village, des Ouled Ryah. L’enfumade a laissé des séquelles indélébiles dans la mémoire collective des Algériens.
Comment oublier la chasse à l’homme à l’effet de tuer aveuglément des innocents à chaque barrage, à chaque perquisition de maison, à chaque rafle, à chaque descente de troupes sanguinaires, dans les quartiers, dans les villes et villages qui gardent toujours l’odeur du baroud et le son des bombes et les cris de corps mutilés utilisés comme de la chair à canons.
L’enfumade de Dahra, une des centaines de massacres collectifs pour exterminer des populations entières, témoigne, on ne peut mieux, de cette barbarie indescriptible qui n’avait pour synonyme que « civilisationnelle ».
Tous les Algériens, grands et petits, sont unanimes quant à la barbarie exécutée contre leurs grands parents. Ces crimes perpétrés contre les populations autochtones n’ont de semblables que les génocides connus dans les deux Guerres mondiales.
L’histoire noire de la France est marquée par des exactions qui dépassent l’imaginaire. Enfumades, jets depuis des avions, tortures, essais nucléaires, tueries massives étaient des actes prémédités contre l’humanité qu’aucun pardon ni repentance ne pourra dédouaner la France officielle des crimes de ses barbares coloniaux jamais connus dans l’histoire contemporaines.
Qui peut oublier la Barbarie d’Etat proférée contre un peuple qui a fort résisté aux bombardements par des couffins. On ne peut dissocier le crime et le silence complice qui refuse de reconnaitre ses forfaits.
Ces crimes témoignent de l’ampleur de la haine ressentie contre ce peuple qui n’aspirait qu’à sa liberté et à son indépendance. Inoubliable.