L’intelligence artificielle et les nouvelles technologies transforment désormais l’agriculture algérienne. Lors de la clôture de la 23 e édition du Salon international de l’agriculture, de l’élevage et des industries agroalimentaires (SIPSA-FILAHA), cinq projets novateurs ont été distingués par le Prix de l’innovation agricole « Africa Sipsa-Innov-Sid-Ahmed-Feroukhi ». Cette reconnaissance témoigne d’une révolution silencieuse qui s’opère dans les champs et les exploitations du continent.
Sur les cinq lauréats de cette cinquième édition du concours, quatre start-up algériennes ont monopolisé les premières marches du podium, confirmant l’émergence d’un écosystème technologique local dynamique. Le projet AirCrop, spécialisé dans l’agriculture de précision et le suivi des cultures par drones, s’est hissé au sommet de cette compétition continentale. Cette technologie de pointe permet aux agriculteurs de surveiller leurs parcelles avec une précision millimétrique, optimisant ainsi les rendements tout en réduisant l’utilisation d’intrants. La seconde place est revenue à FilahaTech, une plateforme d’agriculture intelligente qui révolutionne la gestion des exploitations agricoles par l’interconnexion des données et l’analyse prédictive. Biolife, un projet de production de compléments alimentaires naturels, a complété ce podium algérien en s’adjugeant la troisième position. Deux prix d’encouragement ont été attribués à Clementina, une plateforme spécialisée dans la distribution de produits agricoles, qui s’est classée quatrième, et à Waare, un projet sénégalais de fabrication de vinaigre artisanal qui a pris la cinquième place. Cette diversité géographique illustre la dimension panafricaine de ce concours qui ambitionne de fédérer les innovations du continent.
« Je suis fière et honorée », a confié Lina Cherif, porteuse du projet AirCrop, estimant que l’organisation de tels concours constitue « une forte motivation pour les jeunes innovants, les poussant à se développer et à accéder au marché ». Ces paroles résonnent comme un écho des transformations profondes que connaît le secteur agricole algérien, longtemps dominé par des méthodes traditionnelles. Ce concours a mobilisé plus de 100 projets innovants provenant de différents pays, notamment la Tunisie, la République démocratique du Congo et le Sénégal. Douze projets ont été sélectionnés pour présenter leurs idées aux investisseurs lors du salon, créant ainsi un véritable pont entre l’innovation et le financement. Parallèlement à cette célébration de l’innovation technologique, le salon a également mis à l’honneur l’excellence traditionnelle avec l’annonce des lauréats du premier concours national d’huile d’olive. Cette compétition inédite a rassemblé 145 échantillons provenant de différentes régions du pays, tous évalués par un jury spécialisé selon des critères rigoureux de qualité organoleptique.
La marque « Dahabiya », produite dans la wilaya de Djelfa, a remporté le premier prix de cette compétition, devançant « Ardhi » à la deuxième place et « Ebila » à la troisième place. Cette victoire d’un produit originaire des Hauts Plateaux algériens bouscule les idées reçues sur la géographie oléicole nationale, traditionnellement associée aux régions côtières. Hakim Alilouche, directeur de la ferme biologique qui produit l’huile « Dahabiya », a souligné que cette distinction « est un encouragement à poursuivre l’adoption de méthodes scientifiques pour produire une huile de haute qualité, et qui répond aux attentes des consommateurs algériens et aux normes internationales pour l’exportation ». Ces propos illustrent l’ambition exportatrice qui anime désormais les producteurs algériens d’huile d’olive. La cérémonie de clôture a été l’occasion d’honorer plusieurs personnalités et institutions qui ont contribué au succès de cet événement, notamment les walis d’El-Tarf et d’El-Oued, représentants des deux wilayas invitées d’honneur. Cette reconnaissance institutionnelle souligne l’importance accordée par les pouvoirs publics à ce secteur stratégique. En marge du salon, plusieurs accords stratégiques ont été conclus. Un partenariat a été signé entre les organisateurs et le laboratoire Catalyse Lab, accrédité par le Conseil oléicole international, pour la mise en place d’un jury national spécialisé dans l’évaluation de la qualité des huiles. Cette initiative vise à motiver les opérateurs à améliorer constamment la qualité de leurs produits. Un autre accord de partenariat a été paraphé entre la société algérienne spécialisée dans l’industrie du chocolat Maison Seddi et la société saoudienne Wise Ideas for Technology, ouvrant la voie au développement de projets communs dans le domaine de l’industrie agroalimentaire. Cette coopération Sud-Sud illustre les nouvelles dynamiques économiques qui se dessinent dans la région. L’organisateur du salon, Amine Ben Semmane, a souligné lors de son discours de clôture que cette édition a enregistré la participation de 780 exposants locaux et étrangers, soit une augmentation de 25 % par rapport à l’édition précédente. Cette progression témoigne de l’attractivité croissante de ce rendez-vous annuel devenu incontournable dans le paysage agricole régional. Quatre forums ont été organisés autour de thèmes stratégiques du secteur agricole, créant des espaces de dialogue et d’échange entre professionnels, chercheurs et décideurs. Ces débats contribuent à façonner les orientations futures de l’agriculture algérienne dans un contexte de transition écologique et technologique.
La prochaine édition du salon, programmée du 18 au 21 mai 2026, sera consacrée au thème de l’élevage et de l’aquaculture, deux secteurs en pleine expansion qui représentent des gisements de croissance considérables pour l’économie nationale. Cette orientation confirme la volonté des organisateurs de couvrir l’ensemble des filières agricoles et de les accompagner dans leur modernisation.
S.T.