À partir de ce lundi 27 janvier, la wilaya de Chlef se lance dans un vaste recensement de sa production nationale, mobilisant 1 421 opérateurs économiques. Pilotée par la Direction du commerce intérieur et de la régulation du marché national, cette opération, baptisée « Un recensement global pour une économie intégrée »,s’étendra jusqu’au 16 février. L’objectif ? Cartographier avec précision les capacités industrielles locales, de l’agroalimentaire à l’électroménager, en passant par les biens et services.
Mohamed Bouziane, chef du service de l’observation du marché, précise que chaque produit sera analysé sous deux angles : qualité et quantité. Les prix de vente et les tarifs douaniers seront également enregistrés, alimentant une plateforme numérique dédiée. Pour couvrir un territoire aussi diversifié, 24 équipes d’agents ont été déployées. Une cellule spéciale a parallèlement été créée pour centraliser les données collectées, garantissant leur intégration en temps réel sur le système digital.
Au-delà des chiffres, cette initiative s’emploiera à structurer une économie résiliente. Les opérateurs seront sensibilisés aux risques de la contrefaçon et incités à respecter les normes de qualité sectorielles. Les agents
recenseurs joueront aussi un rôle de médiateurs, recueillant les doléances des professionnels pour les transmettre
aux autorités compétentes. Une démarche qui s’inscrit dans la continuité des efforts de régulation des prix,
notamment pour les produits de large consommation.
Cette opération intervient dans un contexte où l’Algérie renforce sa stratégie d’autosuffisance économique. En 2024,
le pays avait enregistré une hausse de 7 % de sa production agroalimentaire locale, selon les chiffres officiels. Le recensement de Chlef, wilaya historiquement tournée vers l’agriculture et l’industrie légère, pourrait servir de modèle pour d’autres régions. Les données collectées permettront d’ajuster les politiques publiques, d’identifier les goulots d’étranglement et de stimuler les exportations.
Reste un défi : convaincre les petits producteurs de participer pleinement. Beaucoup, habitués à un secteur informel dominant (estimé à 40 % de l’économie nationale en 2023), pourraient hésiter à dévoiler leurs chiffres. Les autorités misent sur la transparence de la plateforme numérique et sur la promesse d’une meilleure visibilité commerciale pour
les produits labellisés « made in Algeria ».
En parallèle, les contrôles sur le terrain se poursuivront pour stabiliser les prix et lutter contre les spéculations. Une
équation complexe, mais nécessaire pour transformer l’essai pour une économie plus lisible, plus compétitive, et ancrée dans le réel.
D.K.