Par : Hamid Mechri
Ferraille, ciment, bois, brique… tous les matériaux de construction ont vu leurs prix grimper en flèche. Rénover ou faire construire coûte donc de plus en plus cher. Cela freine aussi les projets des entreprises de construction et travaux publics, qui risquent de travailler à perte ou la faillite.
En cause : la baisse de la valeur de la monnaie nationale et la poursuite du gel des importations pour certains matériaux, en plus de la décision des producteurs locaux de remonter les prix pour augmenter leurs marges bénéficiaires et compenser la cherté de la matière première issue de l’importation.
Le sac de ciment (50 kilos), de type solide destiné au béton armé, coûte environ 1 100 DA, soit une augmentation de 22,2%, tandis que le quintal de fer «type 1» destiné à la construction a dépassé les 12 000 DA, alors que ce prix ne dépassait pas auparavant les 9 000 dinars, soit une augmentation de 33,3%. Le sable a également été affecté par les hausses de prix, puisque son prix et les coûts de son transport ont augmenté également.
Les matériaux de finition, dont le carrelage, la faïence et la peinture, ont également connu des envolées remarquables, puisque les matériaux importés, qui occupaient jadis 60% du marché sont suspendus d’importation. Aujourd’hui, le mètre carré de faïence locale a bondi entre 950 et 1 200 DA, selon la qualité, tandis que le mètre carré de faïence importée, dont certains commerçants ont gardé un stock, a dépassé le seuil des 2 000 DA.
En fait, tout a augmenté en termes de matériaux de construction, sans oublier les coûts de la main-d’œuvre, la peinture, etc. Résultat : des frais supplémentaires très pesants sur les ménages, contraints d’ajourner leurs projets jusqu’à la stabilisation du marché.
Cela risque aussi de bousculer le marché du BTP, alors que plusieurs entrepreneurs se plaignent de la cherté de ces matériaux qui rendent leurs projets moins rentables ou même de travailler à perte, avec le risque de voir le secteur du bâtiment stagner et des milliers de travailleurs licenciés. «Les coûts de construction ont augmenté de 45 à 50%», a confié à la presse Abdelhadi Taqi El-Dinne, vice-président du Syndicat national des architectes agréés.
Face à cette situation, les entrepreneurs sont les premières victimes et subiront de lourdes pertes, car ils devront payer la différence de prix pour mener à bien leurs projets. Se défendant, les détaillants en matériaux de construction disent ne pas être derrière la hausse des prix, rejetant l’accusation sur les producteurs locaux qui contrôlent le marché, ainsi que les grossistes et les spéculateurs. Selon plusieurs vendeurs de matériaux de construction, la décision de l’Etat d’interdire les importations a secoué le marché ces quatre dernières années. Le gouvernement avait inscrit de nombreux matériaux de construction et de finition sur la liste des produits interdits d’’importation, afin de juguler la facture des importations. Or, l’augmentation des prix des matériaux de construction a douché aussi les ambitions de plusieurs particuliers souhaitant faire des constructions, qui se voient ainsi contraints de reporter, ou parfois renoncer à leur projet. Suite à cette décision, la facture des importations de matériaux de construction est tombée à 800 millions de dollars l’an dernier, contre 1,2 milliard de dollars en 2019 et 2,1 milliards de dollars en 2015. L’Algérie a définitivement cessé d’importer du fer et du ciment, après que la production nationale ait couvert la demande intérieure.
Pour certains professionnels, les détaillants sont le maillon le plus faible du marché, tandis que les grossistes et les spéculateurs sont ceux qui contrôlent les prix, pointant le fait que les producteurs locaux ont également augmenté leurs prix pour arrondir leurs marges bénéficiaires après que les coûts des matières premières importées ont augmenté. Pour d’aucuns, la baisse de la valeur du dinar a également affecté les prix des matériaux de construction, alors que de nombreux commerçants avaient relevé leurs prix pour compenser les pertes résultant de la stagnation due à la pandémie du Covid-19 ces deux dernières années, en raison des restrictions qui ont touché le transport maritime et le commerce internationale.
H. M.