Chassé-croisé entre Beyrouth-Tel Aviv-Le Caire

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Le ballet diplomatique à l’épreuve de l’arrogance israélienne

Au moment où les diplomates américains, allemands, russes et français affluent sur Tel-Aviv, les déplacés font leur ruée vers le passage Radah, au sud de Ghaza, toujours fermé malgré un accord pour son ouverture, un temps, afin de permettre d’évacuer les étrangers à partir de Ghaza vers l’Egypte. Cette dernière dit ne pas s’aventurer à ouvrir ce passage sous la menace de bombardements, éventuellement le 3e depuis le déclenchement de la guerre. Le passage a été endommagé par deux fois par l’aviation de l’armée de l’occupation. Malgré les appels unanimes pour l’ouverture de couloirs humanitaires, la situation se fragilise davantage. La soif et la faim qui taraudent les Palestiniens, sont aggravées par la rupture de stocks de carburant dont dépend le fonctionnement des hôpitaux et partant la survie de milliers de blessés graves.

Ballet diplomatique

Outre le son des sirènes qui ponctuent le quotidien d’Israël, deux autres événements rythment le vécu dans l’espace israélo-palestinien. Un chassé-croisé diplomatique s’amplifie dans une course contre la montre. Au moment où Anthony Blinken fait son retour à Tel-Aviv dans l’objectif de faire pression sur les Israéliens pour rouvrir les passages humanitaires, on apprend que Joe Biden, le président américain, a annoncé, dans une interview à la chaîne CBS News, se rendre en Israël en fin de semaine. Ces va-et-vient des Américains n’est pas singulier puisque le chancelier allemand a devancé Blinken et a fait, dimanche, escale à Tel-Aviv pour discuter avec les autorités locales sur la nécessité d’épargner les civils de Ghaza et faire baisser les tensions contre les populations déchirées par le déplacement forcé vers le Sud. Tous cela se passe sous des séries de raids continus sur le nord et l’ouest de Ghaza. La ministre des Affaires étrangères française a choisi, quant à elle, de se rendre au Caire où elle a mis l’accent sur la nécessité de permettre l’accès des aides aux populations civiles, avant de s’envoler pour Beyrouth pour dissuader le Liban de se ranger dans une guerre fâcheuse pour les Libanais. En Egypte, Catherine Colonna a entendu pour la première fois le refus égyptien «des hostilités contre les civils et que cela a dépassé la légitime défense», assimilant ces actes à «une condamnation à mort et une punition collective d’une population pour un crime dont elle n’est pas responsable». Côté russe, le président Vladimir Poutine a eu deux entretiens téléphoniques. A l’entame, le président russe a eu des pourparlers avec le président iranien Raïssi. Peu après, Poutine a discuté avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou. Rien n’a été divulgué du contenu des discussions. Netanyahou, et dans un discours inaugural à la Knesset, s’est engagé à récupérer tous les otages et en finir avec une guerre de grande haleine avec le Hamas. «Nous nous dirigeons vers une victoire. Et cette victoire est synonyme d’effacer les ennemis d’Israël», a-t-il réitéré, citant le Hamas et les autres factions djihadistes. Lundi matin, une voix autorisée de l’armée israélienne a affirmé qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu jusqu’à l’aboutissement de l’opération de nettoyage de la bande Ghaza des éléments du Hamas. En même temps que cette déclaration était prononcée, les sirènes d’alerte ont retenti à Tel-Aviv et dans la localité d’Osdot qui ont été la cible des obus tirés par Al-Kassam, en réponse au pilonnage par les avions israéliens de civils palestiniens. Les sirènes ont perturbé la reprise de la session parlementaire de la Knesset dans l’après-midi. Les députés ont été pris de panique et ont couru pour s’abriter au sous-sol du bâtiment. Au nord, l’armée israélienne a signalé des tentatives d’intrusion d’éléments du Hezbollah, qu’elle a contrés par des tirs de chars stationnés sur la ligne de front.

Résolution onusienne avortée

Concernant l’ONU, un projet de résolution russo-brésilien appelant à un «cessez-le-feu humanitaire» «épargnant les civils» des affres de la guerre a été avorté au Conseil de sécurité que préside périodiquement le Brésil. En effet, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont fait barrage comme à l’accoutumée à toute résolution profitant à la Palestine. A l’ombre de cette dualité, la situation sanitaire risque de se dégrader à cause de la désintégration des corps éparpillés sous les décombres dans des quartiers à Ghaza. On estime que 1000 martyrs se trouvent encore sous les ruines.

Le pire est à craindre

Dans la bande de Ghaza où l’offensive terrestre de l’armée israélienne est imminente, la situation humanitaire dramatique a fait fuir plus d’un million de personnes. Pour celles qui restent, la situation inquiète Fabrizio Carboni, directeur régional du CICR, invité dans «La matinale» de lundi. «Toutes ces personnes-là sont protégées. Elles sont en droit de recevoir le minimum vital pour rester où elles sont. Même si elles ne bougent pas, elles ne deviennent pas soudainement des objectifs militaires», a fait savoir le responsable du CICR. «Il faut que ce soit très clair pour tout le monde», ajoute-t-il. «Je crois qu’on doit trouver des espaces à l’intérieur de la bande de Ghaza pour protéger ces gens». «Indépendamment de l’offensive annoncée par Israël, la situation est extrêmement critique à Ghaza», indique encore le directeur régional du CICR. Les approvisionnements en eau ont repris dimanche dans le sud de Ghaza après avoir été coupés pendant sept jours par le gouvernement israélien. Israël avait ordonné lundi dernier l’arrêt de l’approvisionnement en eau, en électricité et en carburant de ce territoire qui dépend des apports israéliens. Rappelons que le ministère de la Santé a communiqué le bilan actualisé, mais toujours évolutif, faisant état de 2809 martyrs et plus de 10 850 blessés.