L’Etablissement national de la navigation aérienne (ENNA) a enfin décidé d’attribuer aux espagnols d’Indra, le contrat d’acquisition d’équipements techniques destinés au Complexe de la navigation aérienne à Tamanrasset.
Après dix ans de guerre contre le groupe français Thales, le contrat a été signé mercredi à Alger pour une valeur de 50 millions d’Euro.
Plus de 3 milliards $ de perte
Le trafic aérien algérien est en constante évolution, passant de 120.000 mouvements en 1995 à 250.000 fin 2017. Ce projet permettra d’élever le volume du trafic aérien à 500.000 mouvements dans les prochaines années.
Le projet du CCR de Tamanrasset devait être lancé au terme d’un étude réalisée en 2004. Il devait permettre à l’Algérie une rente annuelle de 400 millions de dollar.
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Le CCR de Tamanrasset est le second du pays, après celui d’Alger qui couvre toute la région nord.
Le projet de Tamanrasset est stratégique car il permet une couverture aérienne radarisée, un élément essentiel à la gestion du trafic aérien dans le sud du pays.
Le projet a été entamé par une étude réalisée, aérien pour le compte de l’ENNA, par la compagnie américaine Northtrop Grumman. Cette étude a suggéré l’implantation d’un CCR à Tamanrasset, estimant que ces installations permettre des revenus annuels de l’ordre de 400 millions de dollars, au titre de la redevance de survol de l’espace aérien algérien.
Dix ans de retard
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Un premier appel d’offres a été lancé en 2006. Deux gros soumissionnaires se battaient pour le projet. L’américain Northrop Grumman a fait une offre de 117 million de dollars, alors que le français Thales a proposé 55 millions d’euros. Mais, il faut retenir le fait que Thales est connue pour cette stratégie de gagner les appels d’offre avec une enveloppe financière en deçà du montant réel et exiger des avenants par la suite.
Au final, les négociations ont échoué et l’appel d’offre a été annulée.
A travers cette expérience, les américains ont conclu que Thales agit en terrain conquis et de suite, décidé d’abandonner la course.
Un second appel d’offres a été lancé en 2008. Indra, qui était déjà en négociations avec Thales pour constituer un partenariat lors du premier appel d’offre, a été la cause de l’annulation de ce second appel d’offre, en raison du manque de visa.
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Huit ans après, soit en 2016, l’ENNA lance le troisième appel d’offres. Cette fois-ci, Thales revient à la raison avec une offre de 108 million de dollars. L’italien Leonardo (ex-Selex) fait une offre de 65 million de dollars. L’espagnol Indra décide, quant à lui, de casser les prix avec une enveloppe de 48 million de dollars seulement.
Les négociations ont été longues et Thales a fait pour faire échouer le processus d’attribution du marché. Le poids du lobby français a été ressenti à travers la durée pendant laquelle se déroulait l’évaluation des offres.
Indra a fini par vaincre au terme d’un combat de 10 ans contre les français de Thales.
Avec un manque à gagner annuel de 400 millions de dollars, les réseaux français ont privé l’Algérie d’une importante rente qui aurait pu faire du sud algérien, un passage aérien séduisant pour les compagnies aériennes.
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