Bilan des start-up et de l’économie de la connaissance

Deux ans de réformes pour transformer l’économie nationale

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Entre soutien aux micro-entreprises, financement des start-up et promotion de la recherche, le ministère impulse un élan vers une économie diversifiée et innovante. Deux ans après sa création, le ministère des Start-up et de l’Economie de la connaissance, dirigé par le ministre Yacine El Mahdi, dresse un bilan de ses initiatives visant à développer un écosystème dynamique pour les start-up et les micro-entreprises en Algérie. À travers de multiples réformes, le ministère s’efforce de soutenir l’innovation, de faciliter l’accès au financement et de promouvoir la transition vers une économie de la connaissance.Dans une interview accordée à laChaîne 3, le ministre a identifié les micro-entreprises comme un pilier essentiel de l’économie algérienne. Selon les statistiques, 98,7 % des entreprises en Algérie sont des micro-entreprises employant moins de 10 personnes. En réponse à cette réalité, le ministère a relancé et restructuré l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANAT) pour améliorer son efficacité.Les modifications incluent une révision des critères de sélection des bénéficiaires, désormais fondés sur des normes économiques rigoureuses et une gestion des risques comparable aux standards bancaires. Les porteurs de projets doivent suivre une formation préalable de trois semaines, comprenant des modules sur la fiscalité, le marketing et la sécurité sociale. Cette approche vise à renforcer les chances de succès des entrepreneurs, à limiter les risques financiers et à recentrer le dispositif vers des objectifs économiques, en éloignant le programme de son rôle précédent de «distributeur de rente».Face à la difficulté d’accès au capital pour les start-up en phase de lancement, le ministère a lancé l’Algerian Start Up Fund (ASF), un fonds d’investissement doté de 2,4 milliards de DA, avec pour objectif de jouer un rôle de catalyseur dans l’écosystème. ASF investit entre 5 et 20 millions de DA dans des start-up labellisées, avec la possibilité d’investir jusqu’à 150 millions de DA pour des projets stratégiques en partenariat avec des fonds régionaux.Le ministre a souligné que l’objectif de ce fonds est de créer des success stories pour inciter les investisseurs privés à s’engager davantage dans le secteur des start-up. Grâce à des incitations fiscales significatives, comme des réductions d’impôts pour les entreprises investissant dans l’innovation, l’ASF a déjà enregistré un retour sur investissement moyen de 22 %, montrant ainsi la rentabilité et le potentiel des start-up locales.Le ministère met également en avant le potentiel des start-up algériennes dans le domaine de l’exportation, en particulier dans le secteur des services. Alors qu’en 2019, les exportations de services atteignaient 2,9 milliards de dollars, elles devraient dépasser les 4 milliards de DA en 2024. Pour faciliter ces échanges, le gouvernement a assoupli les réglementations bancaires, permettant la rétrocession à 100 % des revenus en devises issus des exportations de services, notamment dans le numérique. «L’exportation de services représente une grande opportunité pourl’économie algérienne, car elle n’est pas soumise aux mêmes contraintes que les biens matériels», a expliqué le ministre. Le ministère espère ainsi que le secteur des services deviendra un levier stratégique pour diversifier les sources de revenus du pays et réduire sa dépendance aux hydrocarbures.Pour encourager les jeunes et les travailleurs informels à formaliser leurs activités, le ministère a introduit le statut d’auto-entrepreneur. Ce statut a déjà séduit près de 20.000 personnes, qui peuvent désormais exercer leur activité de manière légale et bénéficier d’avantages sociaux, comme l’affiliation à la sécurité sociale.Les entrepreneurs peuvent s’enregistrer en ligne, obtenir un numéro d’identification fiscale, et recevoir leur carte d’auto-entrepreneur par courrier. En plus de simplifier les démarches administratives, ce statut offre des incitations fiscales, telles qu’un impôt forfaitaire unique (IFU) de 0,5 %, visant à promouvoir l’inclusion financière et à offrir une protection sociale aux jeunes travailleurs.Le nouveau Code des marchés publics apporte des changements significatifs pour les start-ups en permettant la négociation directe avec les administrations publiques pour des produits et services innovants. Ce changement vise à surmonter les obstacles auxquels étaient confrontées les start-up en accédant aux contrats publics, en facilitant les partenariats gagnant-gagnant entre le secteur public et les jeunes entreprises innovantes.Des entreprises publiques, comme Sonatrach, ont également lancé des initiatives pour collaborer avec des start-up dans le domaine de l’énergie, en organisant des rencontres et en signant des accords commerciaux. Ce soutien accru des grandes entreprises publiques et de la commande publique représente une opportunité de croissance pour les start-up algériennes.Reconnaissant le rôle central de la recherche dans le développement économique, le ministère encourage les entreprises à investir davantage en R&D. Le projet de loi de finances 2025 introduit un crédit d’impôt pour les dépenses en recherche, et le ministère collabore avec le secteur universitaire pour renforcer le lien entre les centres de recherche et l’industrie.«Nous devons créer de la valeur ajoutée et ne plus nous contenter d’exporter des matières premières. L’économie de la connaissance repose sur l’innovation, et c’est pourquoi nous œuvrons pour que les entreprises et l’université travaillent main dans la main», a déclaré le ministre.Pour diversifier les sources de financement, le ministère a également ouvert la voie au crowdfunding en Algérie. Un premier intermédiaire a récemment été agréé par la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB), permettant ainsi aux start-up de lever des fonds auprès de particuliers via des plateformes en ligne.Ce modèle de financement participatif représente une alternative prometteuse pour les jeunes entreprises, en complément des fonds d’investissement privés et du soutien de l’ASF.L’objectif est de populariser la culture de l’investissement en capital-risque en Algérie, en sensibilisant les investisseurs aux opportunités qu’offrent les start-up innovantes.Les réformes mises en place par le ministère visent à créer un écosystème favorable à la croissance des start-up et à la diversification de l’économie algérienne. En investissant dans l’innovation et en soutenant les jeunes entrepreneurs, l’État cherche à positionner l’Algérie comme un acteur compétitif dans l’économie de la connaissance.À l’avenir, le ministère prévoit de continuer à renforcer les dispositifs de soutien, notamment en facilitant l’accès à la commande publique pour les start-up et en élargissant les incitations fiscales pour la recherche et le développement. Ces initiatives, en phase avec la vision du président Tebboune, incarnent un engagement fort pour réindustrialiser l’Algérie sur des bases solides, axées sur l’innovation et la création de valeur ajoutée.

Sonia H.