- Reportage de Boualem Aït-Saïd
Le village de Souk El Djemaâ, commune de Toudja dans la wilaya de Bejaia a organisé vendredi passé, la deuxième édition de son festival de la tomate. Ils étaient plus d’une trentaine d’exploitants agricoles de la localité à exposer et à proposer à la vente leurs produits du terroir cultivés, particulièrement, le long des deux oueds qui traversent la région. A coté de la tomate qui a volé la vedette lors de cette journée, il est également proposé à la vente divers autres produits agricoles de la localité (piments, poivrons, potirons, grenades, raisins…). Inauguré aux sons de la fanfare des scouts d’El-Kseur et de la levée des couleurs nationales, cette édition a connu une grande affluence à telle enseigne que les visiteurs étaient obligés de laisser leurs véhicules à plus de 500 mètres de l’entrée et sortie du village. Dès les premières heures du matin, les bus et autres véhicules venus de différentes régions déversaient les nombreux visiteurs attirés les produits exposés qu’on dit, estampillés bio. Le chef de la chambre de commerce de Bejaïa, le DSA et de nombreux subdivisionnaires agricoles et quelques élus locaux étaient sur les lieux dès les premières heures de la journée. Les chalands qui se bousculaient devant les stands ont commencé aussi de leur coté, dès le début du festival à s’approvisionner en différents produits agricoles exposés, particulièrement en tomate qui est cédée à 80 dinars. Certains d’entre eux dégustaient sur place des tomates tellement elles sont vantées par tous et paraissent réellement appétissantes et d’une qualité irréprochable. « Elles n’ont pas leurs égales», nous dit l’un des chalands rencontré sur place et qui a fait provision, à l’occasion, pour 800 DA, de dix kilos de tomate. On n’arrêtait pas, en tout cas, parmi les visiteurs d’encenser la qualité de ce légume le plus cultivé et produit en grande quantité dans la région. « Nous cultivons d’autres produits agricoles, mais le produit phare reste la tomate qui fait, d’ailleurs la renommée de notre région », nous dit un vieux fellah. Chaque exploitant produit bon an mal an entre 100 et 400 quintaux de tomate sans compter les autres produits cultivés à l’exemple des poivrons, des piments…La plus grande partie de cette production est cédée aux grossistes des marchés de gros de Sidi-Ali Lebhar et d’Akbou. Les exploitants affirment qu’ils peuvent faire mieux et doubler leurs productions pour peu que l’état y mette du sien.
Des obstacles en chapelet
Les quelques fellahs et exposants que nous avons interrogés durant cette journée, à l’exemple de Hami Mustapha et Hami Abderahhamne ont tenu tous presque le même discours et ont cité les mêmes obstacles qui empêchent les agriculteurs de diversifier leurs cultures et d’exploiter au mieux les potentialités existantes. « Nous nous rendons à pied à nos exploitations qui se trouvent en bas, à plus d’un kilomètre et demi aux bords des oueds. Les pistes ne sont pas aménagées pour permettre l’accès au véhicule. Même les tracteurs n’empruntent ces pistes que difficilement » nous déclare dans ce sens, Hami Abderrahmane, la cinquantaine qui a débuté dans la culture de la tomate depuis plus de quatre ans. « Nous avons introduit auprès des autorités plusieurs demandes pour nous pourvoir en énergie électrique, mais à ce jours, aucun projet n’est engagé dans ce sens » déplore encore Hami Abderrahmane. A cote du mauvais état des pistes et du manque d’électrification, certains exposants nous ont fait part de la pénurie d’eau à laquelle, ils font parfois face et qui les fait sortir de leurs gonds. « Puisque la région est connue pour être un pôle agricole important qui produit, rien que pour la tomate plus de 14000 quintaux par an, pourquoi alors l’état ne réalise-t-elle pas des retenues collinaires, des puits d’irrigations pour encourager les agriculteurs er les mettre à l’abri des menaces de la sécheresse. On craint souvent pour nos récoltes ! » nous dit un fellah qui aligne derrière lui plus d’une cinquantaine d’années de travaux champêtres. « C’est un fait indéniable, il faut des mesures incitatives pour ne pas décourager les agriculteurs. Le développement de l’agriculture ne peut se faire avec les maigres moyens des exploitants .L’Etat doit nous accompagner et lever toutes les contraintes qui se dressent devant nous » nous déclare pour sa part Hami Mustapha.
Souk El djemaa : une qibla pour les amoureux de l’agriculture bio
Le village Souk El djemaa, est un petit village de douar Nat Amrane. Depuis l’année dernière, date du lancement de la première édition de son festival de la tomate, il commence petit à petit à sortir de l’oubli et à rappeler la place commerciale qui était sienne dans les années cinquante et soixante. Son marché était connu dans le temps comme le plus important de la vallée de la Soummam après celui de Sidi-Aich. Le collectif des habitants de la région, organisateur de cet événement a réussi en l’espace de deux années à faire résonner partout le nom de leur village et de leur douar. L’engouement des consommateurs, ces derniers temps pour les produits bios et les produits du terroir a joué considérablement dans la réussite de l’événement. Les consommateurs aiment de plus en plus acheter des produits considérés comme bio, même à prix fort. Ce qui fait évidemment le bonheur de la région qui devient actuellement une destination prisée pour les amoureux des produits du terroir.
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