Elément essentiel de la vie quotidienne, la voiture demeure pourtant un achat important et coûteux pour l’Algérien moyen.
Si un bon choix inclut des paramètres comme la fiabilité, la facilité de conduite, l’espace à l’intérieur de l’habitacle et les équipements de sécurité, la meilleure voiture pour la plupart des Algériens est celle qui est la mieux adaptée à ses besoins et, plus précisément, à son budget.
Pour le Dr Aymen Cheriet, expert et opérateur du secteur de l’automobile national, un coût raisonnable est le facteur dominant chez les consommateurs nationaux qui ont envie de s’offrir une voiture neuve, pour le plus court terme, alors que pour le long terme – avec l’accroissement de l’offre sur le marché -, la voiture hybride sera le choix idéal, car combinant confort et tarifs abordables (économiques).
«En fonction du pouvoir d’achat de la majorité des Algériens, la voiture dont le prix oscille entre 1 million DA [100 millions de centimes] et 1 200 000 DA maximum sera très demandée sur le marché national. Donc, la majorité des ventes tourneront autour de cette fourchette des prix», a expliqué hier à «e-Bourse», le Dr Cheriet.
Alors que la baisse du pouvoir d’achat et la flambée constatée depuis des années sur les voitures neuves et d’occasion ont un grand impact sur le comportement des acheteurs algériens, les modèles et gammes proposés récemment à la commercialisation par la marque Fiat répondront-ils au profil des acheteurs potentiels ?
Pour le Dr Cheriet, «avant de parler des types de véhicules adaptés au marché algérien, il faut connaître le profil du consommateur algérien. Quand on parle de la clientèle algérienne, 70% d’entre elle se trouve dans la moyenne gamme. Et dans cette gamme, le prix de la Fiat 500 ne va pas dans cette orientation.
Il faut dire que Fiat n’est pas une marque réputée bon marché. C’est une marque qui se caractérise par ses spécificités, d’autant plus que c’est un modèle confortable. Dans son positionnement mondial, elle se situe beaucoup plus dans la catégorie C [véhicules de taille moyenne, à l’image de la Ford Focus et Mercedes Classe C, ndlr] que dans la catégorie B [classe des petites voitures]. Cela se traduit bien entendu par son prix élevé, y compris sur le marché européen».
«La Fiat 500 a évidemment son marché en Algérie. Il y a un public qui préfère ce modèle. Mais sa force de vente ne sera pas de même niveau que d’autres marques comme Picanto. Je pense que la Fiat 500 est un bon choix proposé sur le marché algérien, mais pas la meilleure option pour le consommateur algérien», a-t-il nuancé.
«Je dirais toutefois que les modèles dévoilés par Fiat constituent quand même plus de choix sur le marché algérien. Mais, ce n’est qu’une fois que d’autres marques arriveront aussi sur le marché qu’on connaîtra la valeur ajoutée et la force de commercialisation des gammes proposées par ce constructeur italien.
A l’arrivée des [marques] chinoises, coréennes et autres, on aura un mix de produits assez suffisants pour juger de la performance des voitures proposées, car cela permettra d’avoir de la concurrence avec des modèles et des prix répondant à toutes les catégories des acheteurs», a poursuivi le Dr Cheriet, en l’occurrence ex-PDG de Global Motors (ancien représentant de la marque sud-coréenne KIA) et actuellement PDG de l’usine de la marque chinoise Chery en Algérie, qui attend son agrément du ministère de l’Industrie.
A la lumière du nouveau cahier des charges régissant l’activité automobile, dont uniquement les voitures essence, hybride et électrique sont autorisées à l’importation, le Dr Cheriet a estimé que la bonne décision à l’avenir pour le client algérien est d’opter pour les voitures hybrides dotées de petits moteurs 1.0 ou 1.2.
Cependant, le Dr Cheriet plaide en faveur d’un marché diversifié afin de stimuler la concurrence et atteindre la stabilité du marché de l’automobile.
«En général, un marché doit s’ouvrir sur toutes les catégories et marques et non pas se concentrer sur une marque ou un modèle spécifique. Dans une conjoncture normale, le marché algérien peut supporter jusqu’à 300 000 véhicules neufs annuellement. En tenant compte de trois ans d’absence d’importation d’automobiles, on estime donc à un million de voitures les besoins du marché pour renouveler le parc roulant vieillissant. L’essentiel est qu’il y ait une offre suffisante, car il s’agit d’un élément qui devrait contribuer à la stabilité du marché», a-t-il fait constater.
Notre interlocuteur préconise au consommateur algérien la moyenne gamme avec une petite motorisation, s’attendant à une plus forte demande sur les voitures européennes, coréennes et chinoises.
Le Dr Cheriet se veut malgré tout optimiste quant aux perspectives du marché : «Chaque fabricant qui choisira de s’installer en Algérie proposera des modèles spécifiques au marché local, c’est-à-dire des voitures destinées aux classes moyennes. Je pense que si l’on continue sur cette stratégie de l’Etat, on arrivera plus tard à un marché automobile stable.
A tel point qu’à moyen terme on aura d’autres constructeurs automobiles en Algérie avec des taux d’intégration qui ne seront pas inférieurs à 30%. Donc, le prix même de la voiture baisserait du fait de l’amélioration de la sous-traitance». Peut-on déceler ainsi des signes d’un retour à la normale pour les prix ? En réponse à cette question, le Dr Cheriet nous dira : «Il est encore trop tôt pour juger de la politique des prix. Il ne faut pas précipiter les choses. Ce n’est que la première phase. L’Algérien a aujourd’hui la possibilité d’acheter sa voiture dans un chowroom, avec garanties et services après-vente. Et, parallèlement, le diktat des intermédiaires et revendeurs ainsi que les fluctuations des prix vont diminuer ou disparaître avec le temps», a-t-il résumé.
Hamid Mecheri