Passé l’épisode malheureux et révoltant de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), les regards sont aujourd’hui tournés vers la Cour constitutionnelle qui devra rendre entre le 20 ou le 21 septembre courant son verdict final concernant les voix exprimées, le taux officiel de participation et les résultats finaux des trois candidats…Si le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, est sorti vainqueur avec un taux de 94,65% des votants, il reste à connaître réellement les taux enregistrés par les deux autres concurrents, Youcef Aouchiche du Front des forces socialistes (FFS) et Chérif Hassani, du Mouvement de la société pour la paix (MSP), ces deux derniers qui ont déposé des recours au niveau de la Cour constitutionnelle étant non satisfaits des voix portées sureux. Le FFS a revendiqué plus de 300000 voix, tandis que l’ANIE a annoncé un total de 122146 voix. De même, le MSP a affirmé avoir obtenu environ 500000 voix, selon le décompte de ses représentants, alors que les chiffres officiels de l’ANIE ne lui attribuent que 178797 voix. Abdelaali Hassani Cherif a déclaré que le recours est motivé par des preuves juridiques indiquant des incohérences dans les données publiées par l’ANIE. Il a souligné que les taux de participation affichés à différentes heures ne concordent pas avec les résultats finaux calculés à partir des listes électorales, des résultats de vote, et des dépouillements enregistrés dans les procès-verbaux. Quant à Youcef Aouchiche, celui-ci a également exigé une enquête approfondie pour clarifier les ambiguïtés du processus électoral et a appelé à des actions juridiques contre les responsables de ce qu’il appelle une manipulation flagrante du vote, un vol de voix, et une falsification des résultats. Mais le fait est qu’il n’y a absolument aucun suspense dans cette opération de vérification du moment que le vainqueur de cette élection présidentielle est connu depuis le 8 septembre. Sauf, bien sûr, si la Cour constitutionnelle déclare les recours infondés. En effet, selon l’article 260 de la même loi, la Cour constitutionnelle «statue sur les recours dans les trois jours». «Si elle estime les recours fondés, elle reformule, par décision motivée, le procès-verbal des résultats établis. Elle proclame les résultats définitifs de l’élection présidentielle dans un délai de dix jours à partir de la date de réception des procès-verbaux transmis par le président de l’Autorité indépendante», stipule cette disposition. Au jour d’aujourd’hui, la Cour constitutionnelle semble accepter les recours introduits puisque aucun communiqué n’est venu annoncer une fin de non-recevoir, trois jours après le dépôt, comme le stipule la loi. L’article 259 de la loi organique portant régime électoral, amendée en 2021, précise que les recours à l’encontre des résultats provisoires sont formulés auprès du greffe de la Cour constitutionnelle dans un délai de 48 heures qui suivent la proclamation des résultats provisoires. «La Cour constitutionnelle informe le candidat déclaré élu, dont l’élection est contestée, qu’il peut produire un mémoire écrit dans un délai de 72 heures à compter de la date de sa notification», indique le même texte. Mais en attendant sa prise de fonction après la proclamation officielle des résultats définitifs de la Cour constitutionnelle, dernière étape du processus électoral, le Président sortant et vainqueur de l’élection continue de recevoir de nombreux messages de félicitations de Chefs d’Etat et de gouvernement, mais également des demandes de rencontres, comme c’est le cas avec le prince héritier du Royaume d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salman, et du président des Emirats arabes unis, Cheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyane. De son côté, le président français Emmanuel Macron qui a été le premier chef d’Etat à envoyer un message de félicitations a tenu à joindre la parole aux actes en dépêchant, mercredi dernier, Anne-Claire Legendre, envoyée spéciale et conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient du président français, porteuse d’un message du président Macron au président Tebboune. Dans son message, M. Macron a souligné que la France est «particulièrement attachée à la relation exceptionnelle» la liant à l’Algérie, soulignant que «le dialogue entre l’Algérie et la France est primordial, notamment dans le contexte de la présence de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies». Après avoir souligné que «des liens d’amitié forts unissent la France et l’Algérie», le Président français a affirmé qu’il entendait «poursuivre résolument le travail ambitieux engagé avec la Déclaration d’Alger pour renouveler le partenariat qui unit nos deux pays». Reste donc à savoir si cette missive a un lien direct avec l’invitation qui a été faite par M. Macron, en mars dernier, au président Tebboune d’une visite d’Etat en France pour le mois de septembre. Cette visite, initialement prévue pour mai 2023, a été plusieurs fois reportée, les tensions étant récurrentes entre Paris et Alger. Et surtout après le revirement spectaculaire de M. Macron sur la question sahraouie. Cette volte-face a engendré le rappel immédiat de l’ambassadeur d’Algérie à Paris. Depuis, c’est un chargé d’affaires qui suit les dossiers entre les deux pays.
Said Farhi