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mardi, janvier 14, 2025

Assurance agricole en Afrique La contribution des assureurs toujours faible

L’assurance agricole est importante pour la sécurité alimentaire en Afrique, elle permet aux agriculteurs de se protéger contre les risques liés aux aléas climatiques, aux maladies des cultures et aux pertes de récoltes. Cependant, la couverture de l’assurance agricole en Afrique reste très faible, ce qui limite sa contribution à la sécurité alimentaire.

«L’assurance face aux défis de la sécurité alimentaire en Afrique», un thème d’une importance capitale sera abordé lors de la 49e conférence de l’Assemblée générale qui se tiendra à Alger du 27 au 31 mai en cours. Les compagnies d’assurances s’impliquent aujourd’hui dans ce débat à dimension régionale et internationale, notamment géopolitique dans le contexte actuel.  

Pour faire face aux différentes catastrophes, le PDG de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et vice-président de l’Organisation africaine des assurances, Cherif Benhabiles, a affirmé, lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, que «les assurances doivent plus que jamais soutenir les agriculteurs et contribuer à l’essor du secteur afin de garantir l’indépendance alimentaire de l’Afrique». Pour Benhabiles, l’implication des assureurs demeure très faible. Elle représente actuellement seulement 60 à 62 milliards de dollars dans l’ensemble des économies du continent, soit 2,5% du PIB africain», a-t-il déploré.

Dans ce sens, Benhabiles plaide en faveur de la généralisation de l’assurance agricole pour rationaliser les dépenses et aider les agriculteurs à faire face aux nombreux aléas climatiques. A cet égard, il suggère de rendre cette assurance obligatoire afin d’impliquer davantage les acteurs dans la gestion des risques.

«Le problème réside dans le fait que c’est l’Etat qui intervient pour compenser les pertes des agriculteurs, alors que cet argent peut être réorienté vers le soutien des primes d’assurance afin de créer un dispositif plus intéressant», souligne l’intervenant. Plusieurs facteurs expliquent cette faible couverture de l’assurance agricole en Afrique. Tout d’abord, les agriculteurs africains sont souvent confrontés à des défis tels que le manque de connaissances et de compétences en matière d’assurance agricole, la faible capacité financière pour payer les primes d’assurance, et la difficulté à accéder aux services des assurances.

En outre, les compagnies d’assurance ont également des difficultés à offrir des produits d’assurance adaptés aux besoins des agriculteurs africains en raison de la complexité des risques liés à l’agriculture, de la faible densité de population dans les zones rurales et des coûts élevés de la collecte de données.

Interrogé sur la non-intégration de l’assurance sécheresse comme calamité naturelle, ce responsable dira qu’«il faudrait d’abord définir la notion de sécheresse et à quel moment ce désastre est déclaré sécheresse ! Prenez les céréales par exemple. Le déficit pluviométrique dans le cycle végétatif de la culture à un moment donné peut impacter tout ou partie de la production. L’assureur doit, dans le cas de la sécheresse, savoir si l’agriculteur a respecté l’ensemble de l’itinéraire technique», et de souligner : «Il y a trois principes fondamentaux : que les préjudices soient aléatoires, compensables et mesurables, et à partir de là le déclenchement et l’assurabilité du risque peuvent être mis en branle», a-t-il indiqué.

En sus, le même responsable estime que «les choses peuvent rentrer dans l’ordre dans les meilleurs délais, et cela va soulager un peu les agriculteurs si cette solution sera préconisée et adoptée». S’agissant des orientations de la compagnie d’assurances CNMA vers le produit agricole, toutes calamités confondues, mais aussi à d’autres produits, le responsable de cette compagnie dira que «le marché des assurances agricoles est ouvert pour tous les opérateurs, nous devons travailler dans ce domaine. Nous sommes leaders dans le secteur agricole, et ce n’est pas facile de se maintenir à ce niveau-là, cela prouve que la CNMA a développé un nouveau style de management qui lui permet d’être leader mais aussi pour décrocher d’autres parts de marché pour les autres risques».    

Pour améliorer la couverture de l’assurance agricole en Afrique, il est nécessaire de renforcer les capacités des agriculteurs en matière d’assurance agricole, développer des produits d’assurance adaptés aux besoins des agriculteurs africains, et de mettre en place des mécanismes de financement innovants pour faciliter l’accès à l’assurance agricole. Cela permettra de renforcer la résilience des agriculteurs africains face aux risques qui peuvent toucher l’agriculture et de contribuer à la sécurité alimentaire en Afrique.

M. B.

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