Des tubes spirales pour remplacer le plus ancien oléoduc d’Algérie
L’Entreprise nationale de canalisations (ENAC Spa) a lancé, cette semaine, un appel d’offres national restreint pour l’acquisition de tubes spirales de grande envergure, destinés à un projet crucial de remplacement d’oléoduc. Il s’agit de 135 km de tubes 16’´ nuance d’acierx60.
L’avis d’appel d’offres n°141/DVL/DAP/2024, publié le 19 octobre 2024, porte sur l’acquisition de tubes spirales d’un diamètre imposant de 16 pouces (environ 40 cm). Ces tubes sont spécifiquement destinés au remplacement de l’oléoduc OD1 16, le réseau le plus ancien du pays.
Restrictions protectrices
L’ENAC a mis en place une procédure rigoureuse pour cet appel d’offres. Seules les entreprises de droit algérien, ayant des usines en Algérie, peuvent retirer le dossier du cahier des charges auprès de la Direction juridique de l’ENAC à Alger. Autrement dit, les entreprises étrangères ne sont pas admises à la soumission pour ce projet.
Cette mesure s’inspire des directives du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui visent à protéger l’outil national de production. Cette décision s’inscrit dans la volonté de l’Algérie de promouvoir et de développer son industrie nationale, particulièrement dans des secteurs aussi stratégiques que celui des hydrocarbures.
Les trois entreprises algériennes susceptibles de prendre part à ce projet sont identifiées : Alfapipe et Altumet, du groupe public Anabib, et Tosyali, une société algérienne à capitaux turcs.
Dans un souci de transparence, l’ouverture des plis contenant les offres techniques se fera en présence des soumissionnaires ou de leurs représentants dûment mandatés, le 6 novembre 2024, à 10h15. Les offres financières seront examinées ultérieurement, mais uniquement pour les soumissionnaires dont les offres techniques auront été jugées conformes.
Ce projet de remplacement d’oléoduc revêt une importance stratégique pour l’Algérie. Il s’agit non seulement de moderniser les infrastructures existantes, mais aussi d’optimiser le transport des hydrocarbures, un secteur clé de l’économie nationale.
L’utilisation de tubes spirales de grand diamètre met en lumière la volonté d’adopter des technologies avancées pour améliorer l’efficacité et la sécurité du réseau. Ce type de tubes offre généralement une meilleure résistance à la pression et une plus grande flexibilité d’installation.
Une série de contrats majeurs pour l’entretien du réseau
Ce projet de remplacement de l’infrastructure OD.1, qui date de la fin des années 1950, fait partie d’une démarche stratégique de Sonatrach, qui a procédé en 2022 à la signature d’une série de contrats d’envergure avec plusieurs entreprises nationales. Cette initiative, qui s’inscrit dans une politique de renforcement du tissu industriel local, représente un investissement global de plus de 105 milliards de dinars.
Pour la concrétisation de ce projet, il y a eu la conclusion de six contrats majeurs entre Sonatrach et ses filiales : ENAC, GCB, ENGTP et SARPI. Ces accords couvrent un large spectre d’activités, allant de la réalisation d’infrastructures au remplacement d’équipements critiques.
Parmi les projets phares, on note :
- Le remplacement de la station de pompage SP1/OK1 à Haoud El Hamra, confié à un groupement composé de GCB, GTP et SARPI.
- Le remplacement de l’oléoduc OD1 Borma – PC1 sur 137 km, attribué à un consortium GCB-ENAC.
- La mise en conformité des systèmes de sécurité dans la région ouest, confiée à l’ENAC.
- La construction de deux bacs de stockage de brut à Hassi Messaoud, par ENGTP.
- Le développement des champs gaziers de Tinhert, un projet EPC majeur attribué à GCB-ENAC-SARPI.
- La réalisation d’une base de vie à Ain Tsila, dans la wilaya d’Illizi, par GCB.
Une stratégie de développement intégré
Ces contrats témoignent de la volonté de Sonatrach de moderniser et d’étendre ses infrastructures tout en s’appuyant sur les compétences nationales. La diversité des projets, allant du transport à la production en passant par le stockage, illustre une approche holistique du développement du secteur des hydrocarbures.
L’implication de plusieurs filiales et entreprises locales dans ces projets devrait non seulement stimuler l’économie nationale mais aussi favoriser le transfert de technologies et le renforcement des compétences locales.
Yacine Merzougui
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Le transport par canalisation
Colonne vertébrale de l’industrie pétrolière et gazière algérienne
Au cœur de l’industrie algérienne des hydrocarbures, l’Activité Transport par Canalisations (TRC) de Sonatrach joue un rôle crucial dans l’acheminement du pétrole et du gaz des gisements du Sud vers les centres de consommation et d’exportation au nord du pays. Véritable artère énergétique de l’Algérie, ce réseau complexe de pipelines s’étend sur plus de 21 000 kilomètres, témoignant de l’ampleur et de l’importance stratégique de cette infrastructure pour l’économie nationale.
Depuis la mise en service du premier oléoduc OZ1 reliant Haoud El Hamra à Arzew en 1966, le réseau de transport par canalisations de Sonatrach n’a cessé de se développer et de se moderniser.
Aujourd’hui, il comprend 43 pipelines répartis en 22 systèmes de transport, dont 23 gazoducs et 20 oléoducs. Cette infrastructure imposante est complétée par 85 stations de pompage et de compression, équipées de 387 machines, qui assurent la circulation fluide des hydrocarbures le long du réseau.
La capacité de stockage n’est pas en reste, avec 128 bacs d’une capacité utile totale de 4,3 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) pour les hydrocarbures liquides. Cette capacité de stockage importante permet à Sonatrach de réguler efficacement les flux d’hydrocarbures en fonction des fluctuations de la demande, tant sur le marché national qu’international.
Des infrastructures portuaires stratégiques
Le réseau de transport par canalisations de Sonatrach ne s’arrête pas aux frontières terrestres. Trois ports pétroliers situés à Arzew, Skikda et Béjaïa constituent des points névralgiques pour l’exportation des hydrocarbures. Avec une capacité de chargement combinée de 1,3 million de tonnes et cinq bouées de chargement en haute mer, ces installations portuaires jouent un rôle crucial dans la position de l’Algérie sur le marché mondial de l’énergie.
L’Activité TRC de Sonatrach est bien plus qu’un simple réseau de transport. Elle constitue un véritable régulateur des flux d’hydrocarbures, adaptant l’acheminement des produits en fonction des besoins du marché. Cette flexibilité opérationnelle permet à Sonatrach de maintenir sa réputation de fournisseur fiable et de qualité auprès de ses clients nationaux et internationaux.
Le réseau de transport est organisé en deux parties complémentaires :
- Le Réseau Sud : il collecte les hydrocarbures depuis les gisements et les achemine vers deux hubs stratégiques :
- Le Centre de Dispatching Hydrocarbures Liquides (CDHL) à Haoud El Hamra pour le pétrole brut et le condensat.
- Le Centre National de Dispatching Gaz (CNDG) à Hassi R’Mel pour le gaz naturel et le GPL.
- Le Réseau Nord : à partir de ces centres de dispatching, il assure la distribution des différents produits :
- Le pétrole brut est acheminé vers les raffineries et les ports d’exportation.
- Le condensat est dirigé vers la raffinerie de Skikda et les ports d’exportation.
- Le gaz naturel est distribué vers le marché national, les gazoducs d’exportation et les complexes de liquéfaction.
- Le GPL est transporté vers les complexes de séparation.
Une ouverture vers l’international
L’infrastructure de transport de Sonatrach ne se limite pas au territoire algérien. Deux gazoducs internationaux majeurs relient l’Algérie à l’Europe, avec une capacité de transport combinée de plus de 43 milliards de m3 par an :
- Le Gazoduc Enrico Mattei (GEM) : il relie l’Algérie à l’Italie en passant par la Tunisie.
- Le Gazoduc MEDGAZ : il connecte directement l’Algérie à l’Espagne depuis Béni Saf.
Le gazoduc GME, construit en 1996, qui traversait le Maroc vers l’Espagne, a été mis hors service en 2021, à cause des actions nuisibles du Makhzen envers l’Algérie.
Ces infrastructures transfrontalières renforcent la position de l’Algérie en tant qu’acteur majeur sur le marché gazier européen et méditerranéen.
Les chiffres de l’année 2022 témoignent de l’importance capitale de l’Activité TRC pour Sonatrach et l’économie algérienne. Le réseau de transport par canalisations Nord a évacué un total impressionnant de 154,3 millions de TEP d’hydrocarbures. Cette performance se décomposecommesuit :
- Pétrole brut : 43,2 millions de tonnes, dont 24,0 millions de tonnes livrées aux raffineries du Nord.
- Gaz naturel : 98,3 milliards de m3, répartis entre Sonelgaz (41,2 milliards de m3), les complexes de production de GNL (17,9 milliards de m3) et l’export par gazoducs (36,0 milliards de m3).
- Condensat : 8,0 millions de tonnes, dont 4,9 millions de tonnes destinées à la raffinerie de condensat de Skikda.
- GPL : 8,1 millions de tonnes acheminées vers les unités de séparation du Nord.
Investissements à venir
Consciente de l’importance stratégique de son réseau de transport, Sonatrach a considérablement augmenté ses investissements dans l’Activité TRC. En 2022, ces investissements ont atteint près de 62 milliards de dinars algériens (équivalent à 436 millions de dollars US), soit une hausse significative de 68% par rapport à 2021. Ces fonds, qui représentent 8% des investissements totaux de la société, sont principalement destinés à des projets de réhabilitation et de modernisation du réseau existant.
Plus de 64% des investissements ont été consacrés à des projets tels que la réhabilitation des canalisations OB1, GZ2 et OH1, le remplacement de l’oléoduc OD1 et de la station de départ SP1 de l’OK1. D’autres initiatives importantes incluent des travaux de protection contre les crues, l’installation de nouveaux systèmes de protection cathodique, la mise aux normes des systèmes de détection et d’extinction d’incendie, ainsi que l’amélioration de la gestion des eaux de rejets industriels.
Ces investissements massifs témoignent de l’engagement de Sonatrach à maintenir et à améliorer la fiabilité, la sécurité et l’efficacité de son réseau de transport par canalisations. Ils visent également à préparer l’infrastructure aux défis futurs, notamment l’augmentation de la production d’hydrocarbures et l’évolution des marchés énergétiques internationaux.
L’Activité Transport par Canalisations de Sonatrach est un système nerveux complexe et vital qui irrigue l’économie algérienne, assure la sécurité énergétique du pays et consolide sa position sur la scène internationale. Alors que le monde énergétique évolue rapidement, Sonatrach continue d’investir et d’innover dans son infrastructure de transport, garantissant ainsi sa capacité à répondre aux défis futurs et à maintenir son rôle de leader dans le secteur des hydrocarbures en Afrique et au-delà.
Y.M.
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Entreprise nationale de canalisation (ENAC)
Une société qui monte…
L’Entreprise nationale de canalisation(ENAC) est un acteur incontournable dans le secteur de l’eau. Elle a été créée lors de la restructuration de la Sonatrach à partir de la Direction travaux et construction, et n’a été opérationnelle qu’en janvier 1984. Puis elle a été transformée en société par actions et devient filiale à 100% du groupe Sonatrach, relevant de la Holding service parapétrolier (SPP). L’ENAC a hérité d’un savoir-faire issu des anciennes structures de Sonatrach, mais aussi de l’expertise d’ALEIP, notamment dans le domaine de l’engineering et du contrôle qualité des travaux et de sa propre expérience acquise depuis plus de trente années. Ces atouts confortés par une expérience avérée à l’international (Tchad, Tunisie, Inde) ont fait de l’entreprise ENAC un instrument privilégié, devenant de par ses importantes potentialités, un acteur dynamique au service du développement du secteur de l’énergie et des hydrocarbures au sein du groupe Sonatrach. Par ailleurs, l’ENAC compte à son actif plusieurs projets de grande envergure qui témoignent de la place et de la contribution de l’entreprise dans le développement et l’essor du transport des hydrocarbures par canalisation. Elle a réalisé plus de 6.500 km de pose de pipelines tous diamètres confondus pour le compte des clients Sonatrach, Naftal et Sonelgaz.
Outre les réalisations à l’international afin de contribuer à la réalisation de certains travaux comme l’étude du tracé du gazoduc transmaghrébin (Algérie-Tunisie-Libye), d’une longueur de 450 km, pour le compte de la Sonatrach, en 2004, la supervision des travaux de pose de canalisations au Tchad, et la réalisation d’un gazoduc de diamètre 20’’-24’’ d’une longueur de 70 km en Tunisie (de Tunis à Nabeul) pour le compte de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG). Notons que l’ENAC a été certifiée ISO 9001 version 2000 le 26 mai 2008.Cette certification a été reconduite le 26 juin 2010. Puis la certification ISO 14001 V 2004 et BS OHSAS 18001 V 2007 a eu lieu le 24 novembre 2011, son renouvellement, selon les mêmes référentiels,ayant eu lieu en 2017. Cette certification a été consolidée avec l’intégration des lignes directrices de la norme ISO 26000 en matière de responsabilité sociétale. Suite àquoi, l’ENAC a engagé, en 2019, une démarche de transition de l’OHSAS 18001 vers la norme ISO 45001 version 2018 et réalisé cette transition avec succès. En novembre 2020, le système de management intégré de l’ENAC a été certifié selon la version 2018 pour ISO 45001 avec une recertification selon la version 2015 pour ISO 9001 et ISO 14001.
Dalia B.