Amar Takdjout : « personne ne doit manipuler l’UGTA »

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Intervenant, hier, au Forum de la radio nationale,  M. Amar Takdjout, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens, a salué les décisions prises par les autorités publiques en faveur de la classe ouvrière en Algérie, y compris celles annoncées par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, portant sur une augmentation de 47 % des salaires des travailleurs et la dernière augmentation des pensions de retraite. M. Takjout, lors de son intervention, a réaffirmé son soutien à ces mesures prises par les autorités publiques, car elles visent, selon lui, « à améliorer les conditions sociales » et « à renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs », même si elles « n’ont pas été le fruit de la lutte des syndicats », ce qui nécessite, a-t-il ajouté « une réflexion sur la méthodologie de travail de l’UGTA dans un proche avenir ». Concernant le dialogue social, l’invité de la radio a souligné que la Centrale syndicale « reste toujours ouverte au dialogue avec les autorités publiques, les chefs d’entreprises des secteurs public et privé, ainsi qu’avec les syndicats autonomes ». Il a rappelé, à ce propos, que « des accords ont été conclus avec certains syndicats autonomes, afin de mettre sur pied « un comité conjoint » dont le but est « de convenir d’une base commune pour travailler ensemble à l’avenir ». Le SG de l’UGTA a ajouté que la Journée des travailleurs, « est une opportunité à tous les syndicats de par le monde de faire un bilan de leurs activités et des projections pour l’avenir ». M. Takdjout a néanmoins, évoqué « une déviation » dans le parcours syndical « à un moment donné de son histoire », en raison de ce qu’il a décrit comme « la domination d’intérêts étroits et personnels ». Il a souligné que « la priorité aujourd’hui est au changement, à la révision et à la responsabilisation par le biais de l’ouverture de canaux de discussion internes » qui « étaient auparavant fermés », entre « les différentes directions et cadres de l’Union », afin « de redéfinir une nouvelle vision permettant à l’Union de regagner sa crédibilité auprès de la classe ouvrière », en accord avec « son héritage historique depuis la Révolution de libération ». M. Takjout a ajouté, dans ce sens que « l’Union générale des travailleurs algériens est une organisation syndicale nationale, et personne ne doit manipuler cet héritage accumulé par les luttes des générations successives de syndicalistes, que ce soit pendant la Révolution ou après l’indépendance », en « participant au développement économique et industriel du pays ». « Les travailleurs ont également défendu la République pendant les années 90 contre les menaces terroristes », a-t-il encore rappelé. Il a également appelé, à l’occasion, « à l’intégration et à la réglementation du secteur informel pour promouvoir la solidarité entre les différentes générations de travailleurs et préserver le système national de protection sociale, la solidarité et l’assurance sociale, en particulier », estimant que « les travailleurs du secteur informel portent préjudice à nous et aux générations futures ». Concernant le débat sur la révision de l’âge du départ à la retraite, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens a souligné que « de nombreuses catégories de travailleurs, en particulier ceux exerçant des métiers pénibles, demandent à pouvoir prendre leur retraite après 30 à 32 ans de service ». Il a mis l’accent sur « la nécessité d’ouvrir un dialogue avec le gouvernement et les chefs d’entreprises sur cette question sensible et importante pour les travailleurs », ajoutant qu’une étude serait menée sur les implications financières possibles sur l’économie nationale et le système national de retraite. Il a également appelé les patrons d’entreprises « à accorder davantage de postes de direction aux femmes dans les institutions lorsqu’elles remplissent les conditions requises », exprimant ses préoccupations quant à la santé mentale des travailleurs, en particulier la hausse continue des arrêts maladie, appelant les employeurs à respecter et à appliquer la loi, ainsi qu’à assurer un suivi médical, y compris en fournissant ou en employant des psychologues, comme cela se fait dans de nombreuses institutions et entreprises dans plusieurs régions du monde. En ce qui concerne sa position sur la nouvelle loi sur le travail syndical, M. Takdjout a enregistré plusieurs aspects positifs de la loi, notamment la clarification de l’espace syndical, la numérisation et la représentation sur la scène syndicale. Il a estimé qu’il « ne pouvait pas y avoir de recul dans le droit de grève en Algérie », mais qu’il était « réglementé par des conditions objectives pour éviter les grèves sauvages », qui est, selon lui, « une tendance qui ne se limite pas à l’Algérie mais qui « prévaut dans le monde entier », y compris « aux États-Unis, en Europe » et dans d’autres régions du monde, selon les rapports de l’Organisation internationale du travail. Il a souligné l’engagement à appliquer cette loi et à lutter en même temps en cas de toute injustice. Abordant les questions économiques, le SG de l’UGTA a souligné que « le bien-être social est étroitement lié au développement et à la croissance de l’économie nationale ». Sur ce, a-t-il estimé, « on ne peut parler de l’impact des augmentations salariales sur le pouvoir d’achat des travailleurs sans contrôler la politique des prix et le taux d’inflation ». Pour M. Takjout, « cela ne peut se faire qu’en diversifiant les exportations et en se débarrassant de la dépendance totale aux revenus des hydrocarbures ». Sur un autre volet, il a indiqué que des études ont montré que 45 % de l’économie nationale repose sur le marché parallèle.  « Nous appelons les autorités publiques à travailler à l’intégration et à la régularisation du secteur parallèle ».

L. Hichem