« Ces performances honorent l’Algérie, même s’il est difficile d’évaluer nos sportifs d’une manière définitive »
« Une bonne répétition pour les prochains championnat d’Afrique et du monde »
Le vice-champion olympique du 5000 m aux Jeux olympiques de Sydney 2000, Ali Saïdi Sief (44 ans), refuse de s’emballer après les premières victoires enregistrées chez les athlètes algériens. Tout en affirmant qu’il est toujours important de bien débuter une compétition par des victoires, le technicien supérieur en sport (TSS) admet néanmoins qu’il est difficile de juger nos sportifs sur ces premières performances positives lors des deux premières journées des Jeux d’Oran. Une réflexion que nous avons tenté d’analyser lors d’un sympathique entretien que l’ancien champion algérien a bien voulu nous accorder.
Dans l’ensemble, êtes-vous satisfait de l’organisation des Jeux d’Oran ?
Oui d’une manière générale, mais n’oublions pas que les choses auraient pu être autrement. On doit cette réussite au Covid. Si la tenue de ces Jeux avait été maintenue l’année dernière, je pense que l’Algérie aurait accusé un retard énorme dans la livraison des infrastructures. La pandémie aura donc été un mal pour un bien. Sinon, d’une manière générale, tout s’est bien passé Hamdoullah.
Quelle est votre appréciation après deux journées de compétition. Quel est votre jugement sur les performances des participants algériens ?
Nous sommes très heureux que plusieurs de nos athlètes aient pu s’imposer devant leurs adversaires. Maintenant, la question que je me pose, c’est : est-ce que ces victoires suffisent pour porter un jugement quelconque sur le niveau de nos jeunes sportifs ? Sachant que plusieurs pays n’ont pas envoyé leurs meilleurs athlètes. Les performances sont appréciables lors des grands rendez-vous continentaux et mondiaux. Je ne veux pas jouer les trouble-fêtes, je veux juste être réaliste. Et d’ailleurs, avec de tels moyens, nos sportifs se doivent d’être performants.
Expliquez-vous…
Je veux juste expliquer qu’avec les moyens mis de nos jours à la disposition des athlètes, ces derniers n’ont aucune excuse et doivent réaliser de bons résultats dans leurs spécialités respectives. Avant, lorsqu’on gagnait une médaille, on ne touchait que 15 millions, alors qu’aujourd’hui, la récompense est de 70 millions. C’est juste une petite comparaison. Sans oublier les conditions dans lesquelles nous étions avant. Les moyens n’étaient pas les mêmes, il faut l’admettre.
Vous semblez très exigeant. Mais dans l’ensemble, il faut avouer que nos jeunes s’en sont bien sortis jusque-là, n’est-ce pas ?
Comme je vous le disais, je ne veux pas jouer les rabat-joie, juste qu’il ne faut pas trop s’emballer. Certes, ces jeux seront une bonne répétition pour les prochains championnats du monde. Une bonne expérience pour nos dirigeants qui pourront à l’avenir organiser d’autres événements du genre. C’est vrai qu’il est beaucoup plus question de l’image de l’Algérie, laquelle pourra gagner en notoriété aux yeux du monde. C’est toujours avantageux pour notre pays.
Outre ces jeux d’Oran, quelle sera la marche à suivre pour nos dirigeants afin de faire de l’Algérie un grand pays de sport ?
Il nous faudra les outils nécessaires pour faire de notre pays une grande nation sportive. Il nous manque les infrastructures, notamment les centres de formation qui sont laissés à l’abandon. Nous ne pouvons pas nous contenter de quelques talents qui émergent chaque 10 ans. On veut que cela se fasse dans la durée. Notre sport doit être structuré, il nous manque une réelle volonté politique.
Entretien réalisé par Hamid Si Ahmed