Air Algérie

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Des origines à la modernité


Air Algérie n’est pas simplement un transporteur aérien, mais le récit vivant d’une nation qui conquiert sa liberté, étape après étape, à travers le ciel. Depuis sa création en 1947, la compagnie est devenue le miroir fidèle des mutations politiques, économiques et culturelles de l’Algérie indépendante.
Le point de départ : une histoire coloniale
Les origines remontent à la Compagnie générale des transports aériens (CGTA), créée en 1946 sous domination française. Ces premières années sont marquées par des vols charters entre l’Algérie et l’Europe, où la compagnie partage le trafic avec Air France. Un contexte où les lignes aériennes sont autant des routes commerciales que des vecteurs de pouvoir colonial.
La période de l’indépendance : naissance d’une souveraineté aérienne
Le 23 mai 1953 marque une première étape : fusion de la CGTA et de la Compagnie Air Transport (CAT), donnant naissance à Air Algérie. La flotte initiale est modeste : six Sud-Ouest Bretagne, cinq DC-3 et trois DC-4. Symboliquement, chaque avion représente un fragment de liberté en devenir. L’indépendance en 1962 transforme radicalement la gouvernance. En mars 1963, l’État algérien devient actionnaire majoritaire, récupérant 31% des parts auprès d’Air France. En avril 1964, cette participation monte à 57%, et le 15 décembre 1972, l’Algérie obtient 100% du capital. Une nationalisation qui signifie bien plus qu’un changement de propriété : c’est l’affirmation d’une identité nationale.
Décennies de transformation : entre défis et ambitions
Les années 1980 consacrent le développement international. Avec 57 appareils et des destinations vers 15 pays, Air Algérie devient un acteur diplomatique à part entière. L’entreprise emploie 5 621 personnes en 1980, puis 6 900 en 1983, illustrant une croissance continue.
La décennie suivante sera plus difficile. En 1990, la compagnie enregistre des pertes de 64 millions de dollars. La dette atteint 402 millions de dollars, conséquence de la crise financière et de la chute des prix du pétrole. Mais l’Algérie démontre sa résilience : en 1992, Air Algérie renoue avec les bénéfices, engrangeant 14,5 millions de dollars.
Le tournant du millénaire marque une phase de modernisation. Acquisition de Boeing 737-800, Airbus A330-200, ouverture de lignes long-courrier vers Montréal, Pékin, Dubaï. Le capital passe de 6 milliards de dinars en 2000 à 43 milliards en 2007.
La pandémie : un nouveau défi

Covid-19 bouleverse brutalement les opérations. Le 16 mars 2020, suspension des vols internationaux. En 2021, moins de 2 millions de passagers, soit 30% de moins qu’en 2019. Mais encore une fois, Air Algérie démontre sa capacité d’adaptation.
Juin 2021 : reprise partielle des vols internationaux. Mars 2022 : projet d’ouvrir 108 nouvelles destinations. Mai 2023 : commande de 8 Boeing 737 Max 9. Juin 2023 : acquisition de 5 Airbus A330-900 neo et 2 Airbus A350-1000.
Le 6 juillet 2024 symbolise cette renaissance : inauguration d’un nouveau siège social à Bab Ezzouar, baptisé du nom de Saïd Ait Messaoudène, figure historique de la nationalisation aérienne.
Création d’une académie de formation interne pour former techniciens, personnels navigants et pilotes : investissement stratégique dans le capital humain, garantie de l’indépendance technologique.
Air Algérie trace sa route vers l’international
L’année 2023 marque un tournant décisif pour Air Algérie, qui démontre sa capacité de résilience et d’adaptation dans un contexte aéronautique mondial en pleine mutation.
Avec 7,27 millions de passagers transportés, la compagnie nationale enregistre une croissance spectaculaire de 47% par rapport à l’année précédente. Un bond significatif qui traduit une stratégie de reconquête et de développement ambitieuse.
Les chiffres révèlent une dynamique de transformation :
 67% de progression sur les lignes internationales
 13% de croissance sur les lignes domestiques
 114% d’augmentation du trafic via le hub d’Alger
 Coefficient de remplissage proche de 76%
 Taux de ponctualité dépassant 60%
Quatre nouvelles destinations internationales ont été ouvertes :
 Johannesburg (Afrique du Sud)
 Abidjan (Côte d’Ivoire)
 Douala (Cameroun)
 Addis-Abeba (Éthiopie)
La stratégie commerciale innove avec le « Tarif Djalia », proposant des réductions allant jusqu’à 50% pour la communauté algérienne à l’étranger, et 80 actions promotionnelles.
Pour 2024, Air Algérie visait une expansion encore plus ambitieuse :
 Sept nouvelles lignes programmées

 Perspectives d’ouverture vers :
o Libreville (Gabon)
o Abuja (Nigeria)
o N’Djamena (Tchad)
o Londres (aéroport de Gatewik)
o New York (à l’étude)

La compagnie prévoyait 516 vols hebdomadaires internationaux, soit 165.252 sièges, représentant une augmentation de 22% par rapport à 2023.
Des projets structurants sont en cours :
 Digitalisation des services
 Développement du hub d’Alger
 Création d’un hub Cargo
 Affrètement de trois avions gros-porteurs et trois moyens-porteurs
Un dernier volet symbolise cette capacité de résilience : le traitement de 213.952 billets non utilisés durant la pandémie, pour une valeur de 2,54 milliards de dinars.
Air Algérie ne se contente plus d’être un transporteur national, mais ambitionne de devenir un acteur aéronautique international, symbole de la modernisation et de l’ouverture de l’Algérie contemporaine.
Un récit de transformation qui dépasse la simple performance économique : c’est l’histoire d’une nation qui réinvente sa connexion au monde.
Aujourd’hui, Air Algérie ce n’est pas seulement une compagnie aérienne. C’est l’histoire d’un peuple qui a transformé un outil de transport en instrument de souveraineté nationale, en trait d’union entre l’Algérie et le monde.
Chaque vol raconte une page de l’épopée algérienne : celle d’un peuple qui, dans les airs comme sur terre, n’a jamais cessé de tracer sa propre voie.

M.K

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