L’épidémie Covid19 a mis en scène des bouleversements qui s’opéraient partout dans le monde depuis des décennies sans qu’on y fasse trop attention. Elle a même pu les approfondir et les accélérer depuis le printemps 2020 pour qu’on puisse enfin ouvrir les yeux en l’espace de quelques mois sur un monde qui ne ressemble plus au monde qu’on a connu depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
L’ordre géopolitique est en pleine mutation : des puissances luttent de toutes leurs forces pour préserver leur influence sur la scène mondiale, d’autres, confiants dans leurs nouvelles potentialités, les bousculent, parfois agressivement, pour renforcer leurs positions augurant d’un très proche changement radical de l’ordre mondial.
Une telle métamorphose est forcément multidimensionnelle, car l’émergence et le déclin des nations et des puissances sont aussi ceux de leurs richesses économiques et de leurs capacités d’innovation et de création face aux nouveaux défis.
Parlons de richesses. La première économie du monde, celle des États-Unis, risque fortement de ne plus l’être dans quelques années, d’après un certains nombre d’experts économiques internationaux, et à Washington, on savait depuis au moins la fin des années 1990 que la puissance économique américaine allait s’affaiblir vers 2015 et que la richesse allait progressivement se relocaliser géographiquement selon le nouveau paysage géopolitique.
En revanche, l’économie chinoise qui monte en flèche, la 2ème mondialement, est sur le point de détrôner l’économie américaine, sans oublier le miracle des pays émergeants comme l’Inde et les pays du sud est de l’Asie, à l’instar du Vietnam, la Thaïlande, Singapour, l’Indonésie, la Malaisie et la Corée du sud, qui contrôlent de plus en plus la production mondiale dans plusieurs secteurs économiques, allant des produits textiles et équipements de sports jusqu’aux appareils électroniques et semi-conducteurs.
En Europe, les données ne sont pas mieux qu’aux États-Unis que ce soit à l’échelle de l’Union européenne ou au niveau des pays membres comme dans les pays voisins du Vieux Continent.
Prise de conscience sur le recul économique de la France
A Paris, à titre d’exemple, on commence à prendre davantage conscience que la France a reculé économiquement, et aussi en terme d’influence, sur la scène mondiale. L’annulation du contrat de sous-marins avec l’Australie et la « trahison » américaine en ce qui concerne la nouvelle alliance Asie-Pacifique entre anglo-saxons visant à « contenir » la Chine, ajoutées aux récents échecs en Afrique, ont mis la nouvelle réalité française en scène. Elle est bien évidemment liée principalement à l’affaiblissement du pays en termes économiques.
« En 1980, la France était la quatrième puissance économique par l’importance de son produit intérieur brut », d’après le quotidien français Le Figaro du 15 octobre 2021, derrière les USA, le Japon et l’Allemagne. Aujourd’hui, elle est la septième, tandis que beaucoup d’incertitudes pèsent sur l’avenir. Paris est désormais obligée de revoir à la baisse le standing de vie de ses citoyens en recourant à plusieurs réformes, allant de la retraite et l’assurance-chômage à la sécurité sociale.
Le Figaro, se référant aux chiffres du Fond Monétaire International (FMI) pour l’année 2021, précise à propos du classement actuel de la France en termes de richesses, c’est-à dire de PIB, que non seulement il y a eu recul, mais on assiste à l’émergence de nouveaux concurrents. « Aujourd’hui, nous sommes la septième (puissance économique), derrière les trois mêmes nations (Usa, Japon Allemagne), plus la Chine, l’Inde et le Royaume-Uni qui sont venus s’intercaler entre le trio de tête et nous (la Chine est même la deuxième juste derrière les États-Unis) », a poursuivi le quotidien français.
En terme de PIB par habitant, autrement dit de pouvoir d’achat, « les Français figurent aujourd’hui au 24ème rang, alors qu’ils se trouvaient en 12ème position en 1980 », a ajouté Le Figaro pour conclure qu’ « en quarante ans le déclassement, au sens premier du terme, est manifeste ». Ces bouleversements accentués par l’épidémie ne se limitent, bien évidemment, pas à l’Amérique du Nord, l’Europe ou l’Asie, ils secouent toutes les nations de la planète et redistribuent les cartes même en Amérique latine et en Afrique en faveur des uns et au détriment des autres. Ainsi va le monde à l’ère de Covid19
Par Riad Al-Amine