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jeudi, décembre 5, 2024

Affaires en justice, recul d’influence et agents gravement entachés

Le crépuscule de la DGSE au Sahel

Coup sur coup, deux événements sont venus ternir l’image de la Direction générale de la sécurité extérieure française, la DGSE. La première est une scabreuse affaire d’extorsion de fonds impliquant directement l’ex-patron de « la Piscine », Bernard Bajolet. La seconde, quant à elle, et c’est elle qui nous intéresse, elle concerne des agents français faits prisonniers à Niamey. 

Avant de nous y intéresser de près, il serait utile de regarder de plus près une des pratiques qui caractérisaient la DGSE. Le dossier renvoie devant le tribunal Bernard Bajolet, patron de la DGSE de 2013 à 2017, pour « complicité de tentative d’extorsion » et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique ». Affaire scabreuse, s’il en est, qui a mené la DGSE à supprimer le très secret « bureau des affaires réservées ».

Les affaires qui impliquent la DGSE au Sahel sont nombreuses et plus alambiquées les unes que les autres : interception de ses agents dans plusieurs pays pour « espionnage », faits agents prisonniers, accusations de compromission avec groupes armés, etc. La dernière entourloupe concerne le Niger ; puisque Niamey accuse les services secrets français de former et d’armer des jihadistes. Accusation d’autant plus grave qu’elle est étayée par des documents étatiques officiels.

En effet, la junte d’Abdourahamane Tiani a réitéré ses accusations envers la France, qui aurait, selon elle, tenté de la renverser. Paris nie, mais s’inquiète en coulisses de certaines données publiées par Niamey. Celles-ci pourraient provenir de fuites au sein des services de renseignement.

Au siège parisien de la DGSE, les images que la Radio télévision du Niger (RTN) a rendu publiques concernant une présumée tentative de coup d’État orchestrée par la France contre la junte d’Abdourahamane Tiani, tentative qui aurait été déjouée,ont mis en colère le patron de « la Piscine ».  Des interrogations ont fusé à l’interne : y-a-t-il eu des fuites au sein des services de renseignement français ? Paris nie, mais s’inquiète en coulisses. Parce que l’affaire compromet la présence des agents français dans la région.

Il y a une année, un article paru dans le quotidienLe Mondea été clair et sans concessions sur le sujet : la trop grande part accordée au volet « sécuritaire » du plan développé par Paris dans la région sahélienne, aux dépens de l’accompagnement du développement des différents Etats, a abouti à l’échec de dix années de présence militaire.

Dans son ouvrage « Le Mirage sahélien », le journaliste Rémi Carayol décrypte, sans complaisance, neuf années d’opérations militaires françaises au Sahel. De « Serval » à « Barkhane », ce sont neuf années de déchéance, et alors que la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader, la France quitte le pays par la petite porte, poussée vers la sortie par les relations exécrables qu’entretiennent l’Élysée et les nouvelles autorités maliennes, arrivées au pouvoir à la faveur d’un double coup d’État. La DGSE a été incapable de stopper cette déchéance, au point que lors d’une réunion d’un Conseil de sécurité, alors que le Niger avait emboité le pas à Bamako et appelé la France à quitter le pays, le président Macron s’est tourné vers le patron de la DGSE en criant « Trop, c’est trop ! »

Le crépuscule français en quelque sorte, un crépuscule qui a commencé avec l’échec du renseignement.

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