Affaire de la banque clandestine «Paysera Algérie»

Le verdict prononcé le 1er octobre prochain

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Le tribunal du pôle pénal économique et financier de Sidi M’hamed a eu à statuer, mercredi dernier, sur le scandale du dossier bancaire fictif «Paysera Algérie», impliquant la société algérienne OGS et la banque électronique lituanienne Paysera. Ce procès est considéré comme l’une des plus lourdes affairesconcernant des fraudes financières touchant à la fois des entreprises algériennes et étrangères et dans lequel douze (12) personnes sont accusées pour des chefs d’inculpation de fraude, blanchiment d’argent et violation des lois algériennes sur le change, blanchiment d’argent et évasion fiscale. Suite aux investigations menées par la Cellule de traitement de renseignement financier (CTRF) relevant du ministère des Finances, le Trésor public a subi des pertes colossales d’une valeur estimée à 200 milliards de centimes à cause de cette affaire. Lors du procès, le procureur a demandé de lourdes peines, allant jusqu’à 10 ans de prison ferme à l’encontre des principaux responsables de la société OGS, spécialisée dans la création et l’exploitation de centres d’appels, à savoir le gérant de la société, M. Mounir, et son associé, S.Karim, qui risquent ainsi des peines allant jusqu’à 10 ans de prison ferme, assorties d’une amende de 8 millions DA chacun, tandis que les autres accusés impliqués dans cette affaire, parmi eux des employés dans la même société, risquent des peines allant de 3 à 5 ans de prison, ainsi que des amendes. En attendant, le juge a fixé la date du 1er octobre pour le prononcédu verdict.

La défense réclame un non-lieu

Pour sa part, le groupe d’avocats chargé de la défense des accusés dans cette affaire a convenu à l’unanimité que «Paysera» n’est pas une banque, mais plutôt une «application», ou ce que l’on appelle un «portefeuille électronique» utilisé dans tous les pays du monde dans le but d’effectuer des transactions financières à distance sans que le client se rende à la banque, soulignant qu’en l’absence de bureaux de change agréés, les citoyens ont recours à des applications lituaniennes telles que «Paysera» pour obtenir des devises fortes. A cet effet, la défense des principaux accusés, qui a réclamé un non-lieu, a affirmé que ses clients ont conclu un 1er contrat pour fournir des services avec la banque Paysera-LTD, qui est considérée comme une succursale de Payseralogisticsbank-LT. Et vu l’efficacité des prestations de la société OGS, un deuxième contrat aété conclu entre les deux parties, et parmi les conditions incluses dans le contrat figurent la fourniture de capacités techniques à l’entreprise OGS. En résumé, l’affaire en question n’a pas une nature juridique puisqu’il s’agit d’une prestation fournie dans un cadre légal via une application et non une banque, selon les dires des avocats.

La société OGS créée dans le cadre de l’ANSEJ en 2016

Pour rappel, cette affaire remonte à l’année 2023, où les services de lutte contre les crimes organisés de la DGSN ont pu obtenir des informations révélant des transactions suspectes réalisées par la société OG Solutions (OGS). Effectivement, des investigations approfondies ont été déployées durant toute une année pour aboutir au démantèlement d’un réseau criminel spécialisé dans le blanchiment d’argent et le transfert frauduleux de devises vers l’étranger. Le réseau mis en cause a créé une succursale de la banque électronique Paysera en Lituanie illicitement, sous le couvert d’un centre d’appel.En effet, l’efficacité du travail de renseignement a permis la localisation d’un centre d’appel chargé de prestations de services OGS, créé dans le cadre de l’ANSEJ en 2016, avant de devenir la couverture d’une activité illicite, celle d’une filiale de la banque électronique Paysera, sise en Lituanie.Selon l’enquête, la société OGS, initialement dédiée à l’exploitation de centres d’appel, aurait progressivement dévié vers des transactions bancaires frauduleuses. Ces opérations auraient été effectuées en collaboration avec la banque Paysera, qui n’est pas autorisée à exercer en Algérie. D’ailleurs, la CTRF avait ordonné à toutes les banques et institutions financières de ne pas travailler avec cette banque étrangère.

Mandat d’arrêt international à l’encontre du DG de la banque lituanienne Paysera, KostasNoreika

Dans cette affaire, le procureur a également requis contre le Directeur général de la banque Paysera, en Lituanie, KostasNoreika, la même peine, en mettant en lumière le rôle clé joué par ce responsable, qui aurait orchestré ces activités illégales lors de réunions secrètes avec les responsables d’OGS dans le but de dissimuler les véritables transactions financières sous le couvert de simples prestations de services via le centre d’appel. De ce fait, ce responsable fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. De même, le procureur a réclamé des amendes colossales contre les sociétés nationales et étrangères impliquées dans des transactions frauduleuses.Il est à noter que KostasNoreika est co-fondateur et dirigeant de l’entreprise Paysera et son principal actionnaire. C’est un expert du marché financier, avec plus de 20 ans d’expérience dans le monde des affaires. Avant de créer ses propres entreprises, il a accumulé de nombreuses années d’expérience en gestion dans d’autres entreprises renommées en Lituanie, telles que Gaumina, Delfi etIdama.

Naima Allouche