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mercredi, janvier 22, 2025

Adhésion de l’Algérie aux BRICS Une intégration qui boostera le commerce avec la Russie 

L’Algérie est officiellement candidate, depuis quelques mois, pour devenir membre des BRICS, le bloc économique composé de puissances économiques majeurs, à savoir la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud, ce qui marquera un grand changement dans la croissance et le développement du commerce extérieur national.

Alors que son économie est frappée par les sanctions occidentales en raison de l’opération militaire en Ukraine, contraignant de nombreuses entreprises étrangères à se retirer du pays, la Russie envisage de se tourner vers l’Algérie, dont une coopération renforcée dans le cadre des BRICS pourrait représenter une réponse pertinente aux problèmes de ce pays.

Mais pourquoi exactement l’Algérie et non pas les autres pays émergents qui sont pourtant intégrés au sein de conglomérat des BRICS ?

En effet, l’économie algérienne représente en elle-même de nombreux atouts, à commencer, contrairement à ce que l’on pensait, par le fait qu’elle n’est pas étroitement liée à des entités commerciales mondiales, largement contrôlées par les Etats-Unis, telles que l’OMC.

De plus, dans un contexte d’intensification des rivalités entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie dans un monde de plus en plus polarisé, l’Algérie a choisi de diversifier ses partenariats mondiaux.

«En route pour les BRICS, l’Algérie deviendra-t-elle un allié-clé de la Russie sur le continent africain ?» a titré le journal russe «Moskovskaya Gazeta», qui a estimé que, bien que beaucoup de membres influents au sein de ce bloc économique appelé à s’élargir à d’autres pays sont favorables à la candidature de notre pays, pour la Russie en particulier, l’admission de l’Algérie dans les rangs des membres de l’organisation promet également certains avantages.

Kirill Semenov, expert du Conseil russe des affaires internationales, une instance fédérale définie comme l’un des outils de la diplomatie économique russe, a expliqué au journal russe que l’Algérie peut offrir à la Russie de nombreux types de biens et d’aliments, dont des fruits et légumes, ainsi que des produits de l’industrie lourde.

Le politologue russe a fait savoir que beaucoup de produits algériens peuvent se substituer à ceux des entreprises occidentales qui se sont retirées du marché russe sous la pression des menaces et sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne.

Il faut rappeler que la Russie applique également le principe de réciprocité à ces sanctions, en interdisant l’importation des produits européens, notamment agricoles, ce qui offre à l’Algérie, pays ami, un énorme avantage pour développer son potentiel d’exportations hors hydrocarbures.

De plus, a fait noter «Moskovskaya Gazeta», il existe un grand potentiel pour le développement du tourisme entre ces deux pays.

Beaucoup de représentants et gérants de tours opérateurs et agences de voyages russes ont fait le déplacement récemment en Algérie pour prospecter ce marché, et parallèlement, beaucoup de revues dédiées au tourisme publient des articles et reportages sur le désert, les villes historiques et autres grandes mégapoles algériennes.

Selon le politologue, rejoindre les BRICS permettra une gestion efficace des flux de matières premières dans le commerce russo-algérien et renforcera globalement la coopération. 

«En soi, l’admission de l’Algérie dans l’organisation deviendra un marqueur d’un haut niveau de relations avec ses membres, dont la Russie», a-t-il jugé.

«Le bloc des BRICS lui-même, représenté par l’Algérie, sera principalement renforcé par sa composante en matières premières, puisque ce pays d’Afrique du Nord fournit principalement du gaz et du pétrole à travers le marché mondial», a-t-il poursuivi.

Pour sa part, le politologue russe Yevgeny Trifonov a noté que, théoriquement, l’entrée de l’Algérie, ainsi que celle de plusieurs autres grands pays comme l’Arabie Saoudite et l’Egypte, qui ont exprimé récemment leur souhait de rejoindre les BRICS, pourrait aider ce bloc des pays émergents à former une sorte de système économique séparé à l’échelle mondiale, indépendant de l’Ouest. 

Selon l’expert, depuis leur création, les BRICS ont principalement joué le rôle d’un forum informel et d’une plateforme supplémentaire où les participants pouvaient discuter des questions économiques et des moyens de développer les relations entre eux. Cependant, en 2022, il y a eu un renouveau dans les activités de ce conglomérat. 

«La détérioration des relations entre la Russie et la Chine avec l’Occident a accru la pertinence des liens économiques alternatifs», a constaté Trifonov, qui a souligné toutefois que la plupart des facteurs entravant la création d’un système économique parallèle restent en place. 

«L’Inde, le Brésil et, dans une large mesure, la Chine, sont encore profondément ancrés dans l’économie mondiale et ont besoin d’un partenariat avec les Etats-Unis, les membres de l’Union européenne et d’autres pays développés. De plus, les différends non résolus entre l’Inde et la Chine éloignent les parties de sérieux engagements mutuels dans le cadre des BRICS», a-t-il nuancé.

Cependant, a abondé Trifonov, tout cela n’a pas entravé le bloc des BRICS de grandir et de gagner en influence, et la volonté de l’Algérie et de plusieurs autres Etats de rejoindre les BRICS ne fait que confirmer ce fait.

La Russie elle-même s’efforce également d’élargir la coopération avec l’Algérie, a fait savoir «Moskovskaya Gazeta».

Le représentant commercial de la Fédération de Russie en Algérie, Ivan Nalich, a déclaré à ce journal que les deux parties s’efforcent d’accroître et de diversifier leurs échanges. 

Jusqu’à présent, le commerce bilatéral s’élève à environ 3 milliards de dollars (hors domaine militaire), ce qui n’est pas beaucoup pour des partenaires aussi importants, mais les représentants des entreprises russes, selon Nalich, travaillent activement à accroître les échanges. 

«Bien sûr, pour la Russie, à un moment où il y a eu une perte de fournisseurs dans presque tous les domaines, il est extrêmement important de trouver de nouveaux partenaires économiques», a-t-il confié au journal moscovite de large diffusion.

Le même interlocuteur a évoqué certaines contraintes qui se dressent devant l’élargissement de la coopération algéro-russe et la réalisation de cet enjeu majeur.

A l’heure actuelle, la Fédération de Russie ne figure même pas parmi les dix premiers partenaires commerciaux de l’Algérie, dont les échanges sont plus importants avec la Chine, les Etats-Unis et un certain nombre de pays européens, dont la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, a relevé le journal russe.

Toutefois, une adhésion aux BRICS promet de larges perspectives pour booster la coopération économique bilatérale.

Les analystes interrogés par «Moskovskaya Gazeta» se sont tous montrés optimistes quant à cette perspective de coopération, notamment à la lumière des orientations prônées par l’Algérie visant à diversifier ses partenaires économiques pour affermir sa souveraineté politique et économique.

Hamid Mecheri

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