L’économie algérienne amorce un virage décisif dans sa stratégie d’exportation. Les récentes déclarations de Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), confirment une mobilisation sans précédent des opérateurs économiques autour de la feuille de route présidentielle visant à réduire la dépendance aux hydrocarbures.
Une stratégie nationale ambitieuse
Le président Abdelmadjid Tebboune a donné le ton en présidant deux réunions rapprochées consacrées aux exportations, démontrant l’urgence et l’importance accordées à ce dossier stratégique. L’objectif est clairement défini : porter les exportations hors hydrocarbures à 29 milliards de dollars d’ici 2030, soit 55% du total des exportations du pays. Une ambition qui traduit la volonté de l’État de transformer en profondeur le modèle économique algérien.
Pour y parvenir, l’État a déployé un arsenal de mesures concrètes. L’ouverture de banques algériennes à l’étranger, la mise en place de couloirs verts et l’organisation d’expositions permanentes pour les produits algériens constituent les piliers de cette nouvelle stratégie. Ces initiatives visent à faciliter les transactions internationales et à renforcer la visibilité des produits algériens sur les marchés extérieurs.
Le secteur privé au rendez-vous
La réponse des opérateurs économiques s’avère encourageante. Le CREA, par la voix de son président, annonce la mobilisation de sa commission dédiée aux exportations pour accompagner les exportateurs et répondre à leurs préoccupations. L’organisation prévoit également des réunions sectorielles régulières, permettant aux entreprises leaders de partager leur expertise et de contribuer à l’élaboration d’une vision commune.
L’accent est particulièrement mis sur les investissements productifs capables de générer des excédents exportables. Cette approche implique un effort soutenu d’amélioration de la compétitivité des entreprises algériennes, condition sine qua non pour conquérir des parts de marché à l’international.
Ali Bey Nasri, vice-président de l’Association nationale des exportateurs algériens, souligne les progrès réalisés depuis 2020 dans la pénétration des marchés étrangers. Cependant, il met en garde contre la rudesse de la concurrence internationale et plaide pour un accompagnement renforcé des exportateurs, notamment en matière de mouvements de capitaux.
Le continent africain apparaît comme un marché prioritaire, avec une forte demande pour les produits algériens. Cette orientation géographique stratégique pourrait offrir des opportunités significatives pour les entreprises algériennes, notamment à travers des projets d’implantation directe.
Une nouvelle vision stratégique
Le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Mohamed Boukhari, confirme l’engagement gouvernemental à traiter rapidement et efficacement les préoccupations des opérateurs. L’objectif est de transformer l’Algérie en un « pôle d’excellence en matière d’exportation », conformément aux instructions présidentielles.
Cette ambition nécessite une approche globale, intégrant le renforcement des échanges internationaux et la mise à disposition d’outils commerciaux adaptés. Les avantages concurrentiels de l’Algérie, notamment sa position géographique stratégique, doivent être pleinement exploités pour réussir ce pari.
La réussite de cette stratégie de diversification des exportations représente un enjeu crucial pour l’avenir économique de l’Algérie. Au-delà des objectifs chiffrés, c’est toute la structure de l’économie nationale qui est appelée à se transformer, passant d’un modèle rentier à une économie productive et diversifiée.
Les prochains mois seront déterminants pour évaluer l’efficacité des mesures mises en place et la capacité des opérateurs économiques à saisir les opportunités offertes par cette nouvelle dynamique. Le succès de cette transformation dépendra largement de la synergie entre les efforts de l’État et la mobilisation du secteur privé.
R.E.K.