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mardi, janvier 14, 2025

A travers une stratégie ambitieuse, L’Algérie veut se positionner comme un acteur majeur de l’hydrogène vert

Avec les atouts majeurs dont elle dispose, l’Algérie peut devenir un fournisseur de premier plan pour l’Europe en matière d’hydrogène. C’est ce qu’a indiqué le Directeur Hydrogène et Energies alternatives au Commissariat des énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE), le Dr Rabah Sellami, dans une déclaration au média spécialisée de l’énergie, «Attaqa».

Il est évident que l’hydrogène vert, la source d’énergie propre et polyvalente tant attendue à travers le monde, a pris une place centrale dans les ambitions énergétiques de l’Algérie. Cette dernière s’est engagée à exploiter son immense potentiel d’énergies renouvelables pour devenir un fournisseur-clé d’hydrogène vert, ouvrant ainsi la voie à une coopération avec l’Europe dans sa quête de neutralité carbone.

Depuis le lancement de son programme national pour le développement et la production d’hydrogène, l’Algérie a suscité un intérêt considérable, notamment de la part des pays européens en quête d’alternatives énergétiques pour sortir de leur dépendance aux énergies fossiles.

L’hydrogène, une clé pour la transition énergétique

Le Dr Sellami a souligné l’importance croissante de l’hydrogène dans la transition énergétique mondiale. Alors que les énergies renouvelables jouent un rôle essentiel dans la réduction des émissions de carbone, elles ne suffisent pas toujours à répondre à la demande énergétique dans certains secteurs industriels et zones géographiques. L’hydrogène se présente comme une solution-clé pour le stockage d’énergie et la décarbonisation dans ces contextes complexes.

Avec son vaste potentiel en énergie solaire et ses infrastructures gazières développées, l’Algérie est idéalement placée pour produire de l’hydrogène vert en quantités significatives. Le pays s’engage activement dans le développement d’une filière hydrogène solide, avec le soutien des plus hautes autorités du pays.

La feuille de route vers l’hydrogène vert

Le gouvernement a mis en place une feuille de route en trois phases pour développer l’industrie de l’hydrogène vert.

– Phase 1 (jusqu’en 2030) : l’objectif principal est de lancer la filière hydrogène en Algérie en établissant un cadre législatif et réglementaire favorable. Des projets pilotes seront mis en place pour tester les technologies de pointe et évaluer les réserves d’énergies renouvelables disponibles.

– Phase 2 (2030-2040) : cette étape verra le lancement progressif de grands projets industriels, avec une production annuelle croissante d’hydrogène vert destiné à l’exportation vers l’Europe. L’Algérie vise également à substituer l’hydrogène gris utilisé dans les industries locales par de l’hydrogène vert, contribuant ainsi à la décarbonisation de l’industrie nationale.

– Phase 3 (à partir de 2040) : l’Algérie cherchera à consolider sa position de leader mondial dans le domaine de l’hydrogène vert en lançant d’énormes projets de production en fonction de la demande internationale croissante.

Une coopération potentielle avec l’Europe

Consciente de ses besoins croissants en hydrogène vert pour atteindre ses objectifs de décarbonisation, l’Europe regarde avec grand intérêt les développements en Algérie. Les négociations et consultations sont déjà en cours pour établir des partenariats visant à importer l’hydrogène vert algérien. L’Algérie, avec ses avantages géographiques et son expertise dans le domaine gazier, est bien positionnée pour répondre à une partie substantielle de la demande européenne en hydrogène vert.

Le projet de gazoduc «South 2 Corridor», reliant l’Algérie à l’Autriche, à l’Italie et à l’Allemagne, illustre la vision prometteuse d’un approvisionnement en hydrogène vert via des infrastructures existantes. Cette initiative témoigne de l’engagement de l’Algérie à jouer un rôle-clé dans le paysage énergétique européen.

L’Algérie envisage de diversifier son mix énergétique et de se positionner comme un acteur majeur dans le domaine de l’hydrogène vert. Cette stratégie ouvrira la porte à une coopération potentielle avec l’Europe, en offrant des opportunités pour répondre à la demande croissante en hydrogène vert et accélérer la transition énergétique mondiale vers un avenir plus propre et durable.

Pour rappel, lors de la présentation de la stratégie nationale de développement de l’hydrogène, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a révélé que l’Algérie prévoit de fournir environ 10% des besoins du marché européen en hydrogène d’ici 2040 grâce à la mise en œuvre de cette stratégie.

Cette approche s’appuie sur l’exploitation des avantages et du potentiel du pays dans ce domaine, permettant ainsi d’exporter entre 30 et 40 milliards de kilowatts d’hydrogène gazeux, liquéfié et dérivés vers le marché européen d’ici 2040. Les estimations prévisionnelles indiquent que la concrétisation de cette feuille de route pourrait générer des revenus annuels d’environ 10 milliards de dollars pour l’Algérie.

La mise en place de cette feuille de route se déroulera en trois étapes principales : la phase de démarrage et de formation (2023-2030), suivie de l’expansion et de la création du marché (2030-2040), et enfin l’industrialisation et l’exportation (2040-2050). Les objectifs-clés de cette stratégie incluent la diversification du mix énergétique, la réduction de la consommation locale d’énergies fossiles, ainsi que la création d’un écosystème propice au développement de l’hydrogène propre. Ceci inclut également la maîtrise technologique de la chaîne de valeur de l’hydrogène, l’établissement d’une économie nationale basée sur l’hydrogène et ses dérivés, et la mise en place d’un hub pour la production et l’exportation de cette source d’énergie.

L’Algérie accorde une attention particulière au développement de deux types d’hydrogène renouvelable et propre : l’hydrogène bleu (produit par la conversion du méthane) et l’hydrogène vert (obtenu par électrolyse de l’eau à l’aide d’énergies renouvelables).

Dans cette perspective, le Directeur général des Etudes et de la Prospective au ministère de l’Energie et des Mines, Miloud Medjelled, a mentionné, en marge des discussions de l’atelier, que l’Europe a pour objectif d’atteindre une capacité de 20 millions de tonnes d’hydrogène, combinant 10 millions de tonnes produites localement et 10 millions importées. Il a souligné que l’Algérie prévoit de produire un million de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2040 afin de s’intégrer au marché international.

I. K.

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