Les comptes spéciaux sont séparés du budget général de l’État, mais leur création et les crédits qui leur sont affectés sont votés en loi de finances. Les comptes spéciaux du Trésor sont des comptes ouverts pour retracer les dépenses effectuées en dehors du budget de l’État par des services qui ne sont dotés ni de la personnalité juridique ni de l’autonomie financière conformément aux dispositions de la loi organique relative à la loi de finances, au financement des dépenses afférentes à des opérations déterminées et l’emploi donné. Aussi, les différents comptes sociaux de l’avant-projet de loi de finances 2025 ont cette particularité cette année d’être au service uniquement de l’investissement productif. La dizaine de comptes publiés ci-dessous sont destinés aux cas d’urgences, aux catastrophes, aux projets d’intérêt général décidés en dernière minute et enfin aux investissements productifs. D’une enveloppe financière très conséquente (en centaine de milliard de DA), ces dizaines de comptes spéciaux échappent au contrôle du Parlement et ne sont pas assujettis à des enquêtes judiciaires comme c’est le cas avec les budgets sectoriels ou chaque centime dépensé est passé à la loupe. D’ailleurs avec ces comptes spéciaux, dont l’ordonnateur est le ministre des Finances ou celui de ses délégués, les possibles bénéficiaires de ces comptes spéciaux ne sont comptables que devant le chef de l’État et échappent totalement aux fourches caudines de l’inspection générale ou celui du simple commissaire aux comptes. D’ailleurs même les députés ne sont pas habilités à remettre ou à douter de l’utilisation de ces comptes. Seul le Président de la république peut en cas de doute ou le cas échéant enclencher une enquête si u. doute ou une entorse à la réglementation est signalée. Les comptes spéciaux n’obéissent pas aux dispositions du code des marchés publics. Mais la hantise des dirigeants d’entreprises ou des collectivités locales a toujours prévalu dans ce domaine. Ces responsables avaient une peur bleue de toucher à cet argent pourtant disponible en quantité. En 2009, alors que la direction de la Sonatrach avait été démantelée et emprisonnée, le DG nouvellement installé Cherouati a exhorté ses nouveaux collaborateurs à puiser dans cet argent, leur indiquant même qu’il prenait toute la responsabilité en cas de litige ou d’incompréhension. Les pouvoirs publics, pour corriger ce dysfonctionnement, comptent à travers le projet de révision du code de procédure pénale alléger les procédures de gestion pour permettre aux chefs d’entreprises de procéder à des investissements sans pour autant craindre un retournement de situation ou une pression judiciaire. Seuls le Conseil d’administration et l’Assemblée générale de l’entreprise pourront remettre en cause la gestion du chef d’entreprise. Pour rappel, en 2020 le gouvernement avait reconnu qu’il y avait beaucoup d’argent, qui était dissimulé dans les fameux comptes et fonds spéciaux utilisés par l’Etat algérien dans la plus grande opacité et sans aucune transparence depuis ces 30 dernières années. Le ministre des Finances de l’époque devenu par la suite, Premier ministre, Aymene Benabderrahmane qui a affirmé, , lors d’une séance plénière consacrée aux réponses aux préoccupations des députés de l’Assemblée nationale dans le cadre du débat du projet de loi de finances (PLF-2021), qu’il y avait pas moins de 2.239,38 milliards de DA, soit l’équivalent de 14,74 milliards d’euros, qui étaient placés dans pas moins de 38 comptes et fonds spéciaux. Ces fonds et comptes seront définitivement clôturés à partir de 2021 grâce aux nouvelles dispositions de la nouvelle loi de finances 2021. Les chiffres communiqués par le ministre des Finances, confirment les révélations faites par Algérie s’agissant des montants colossaux qui étaient affectés à des comptes spéciaux totalement méconnus de l’opinion publique et échappant à tout contrôle indépendant. Il faut savoir qu’en 2021, l’Etat va clôturer uniquement 38 comptes spéciaux alors qu’il existe encore plusieurs dizaines d’autres fonds spéciaux secrètement gérés par l’Etat algérien.Jusqu’à 2012, l’Algérie disposait officiellement de 70 fonds spéciaux. Ces chiffres officiels provenaaientt du ministère des Finances ont été contredits par un rapport de la Cour des Comptes qui avait révélé entre 2011 et 2012, l’existence de 101 comptes spéciaux du Trésor, dont 70 comptes spéciaux, 24 comptes de prêts, 3 comptes d’avance, trois comptes d’affectation et 2 comptes de participation. Enfin la loi de finances 2021 prévoit la clôture de 35 comptes spéciaux du Trésor dans le but «d’améliorer la gouvernance et de mieux maîtriser la recette et la dépense publiques». Les comptes spéciaux ont été instaurés en 1967, par feu Houari Boumediene
Said Farhi