La 7e édition de la conférence internationale de Tipaza sur la Finance islamique s’est tenue cette année sous le thème « La technologie financière dans le financement islamique en Algérie : défis actuels et perspectives d’avenir ». Un rendez-vous incontournable qui a réuni experts, chercheurs et acteurs du secteur bancaire pour discuter des évolutions et des enjeux liés à la digitalisation de la finance islamique. Lors de son intervention, le doyen de la Grande Mosquée d’Alger a plaidé pour l’établissement d’un cadre juridique spécifique aux institutions financières islamiques en Algérie, afin de garantir leur essor et leur conformité aux principes de la charia.
Face à un paysage financier en constante mutation, la finance islamique doit s’adapter aux avancées technologiques. L’interdiction du riba (intérêt), du maysir (jeu de hasard) et du gharar (incertitude excessive) impose des structures transactionnelles spécifiques, qui nécessitent des outils adaptés. La fintech (technologie financière) représente ainsi une opportunité pour améliorer l’efficacité opérationnelle et favoriser l’inclusion financière en Algérie. Les nouvelles technologies, telles que la blockchain, l’intelligence artificielle et les applications mobiles, permettent d’optimiser les services bancaires islamiques et d’élargir leur accessibilité. Plusieurs banques islamiques dans le monde ont déjà intégré ces innovations avec succès, et l’Algérie ambitionne de suivre cette dynamique en mettant en place un écosystème financier numérique conforme aux principes de la charia. Malgré son potentiel, la digitalisation de la finance islamique en Algérie fait face à plusieurs obstacles structurels et réglementaires. Le doyen de la Grande Mosquée d’Alger a souligné la nécessité d’un cadre législatif clair et souple, spécifiquement dédié aux institutions financières islamiques. Aujourd’hui, ces dernières évoluent dans un environnement où les réglementations restent largement calquées sur le modèle bancaire conventionnel, ce qui limite leur capacité d’innovation et d’expansion. Autre défi majeur, l’investissement dans les infrastructures numériques. Développer des plateformes sécurisées et performantes requiert d’importantes ressources, notamment pour garantir la transparence et la conformité des produits financiers avec les préceptes de l’islam. Par ailleurs, l’instauration d’une relation de confiance avec les clients est essentielle, et passe par une surveillance rigoureuse des instances de contrôle et une régulation efficace. Le contrôle et la supervision religieuse constituent un pilier fondamental de la finance islamique. Les institutions bancaires islamiques doivent s’assurer que l’ensemble de leurs produits et services respectent les préceptes de la charia. Pour ce faire, des instances indépendantes de régulation religieuse doivent être mises en place avec des prérogatives claires et des moyens renforcés. L’objectif est d’instaurer une gouvernance financière rigoureuse qui inspire confiance aux clients et aux investisseurs. La transparence et la conformité doivent être garanties à travers une collaboration étroite entre les instances de supervision et les établissements bancaires. L’avenir de la finance islamique en Algérie repose sur l’innovation et l’adaptabilité. Le développement de nouveaux produits financiers conformes à la charia est un levier clé pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante. De plus, la fintech islamique peut jouer un rôle crucial dans l’inclusion financière, notamment en facilitant l’accès aux services bancaires pour les populations non bancarisées. La coopération avec des partenaires internationaux est également un axe stratégique. En favorisant les échanges d’expertise et le partage des meilleures pratiques, l’Algérie pourrait accélérer l’essor de son écosystème financier islamique et le positionner comme un acteur majeur au niveau régional.
En conclusion de son intervention, le doyen de la Grande Mosquée d’Alger a appelé à une mobilisation des autorités compétentes pour établir un cadre juridique spécifique à la finance islamique en Algérie. Un dispositif réglementaire adapté permettrait non seulement de sécuriser les investissements, mais aussi de favoriser la compétitivité du secteur face aux banques conventionnelles.
Reste à savoir si les recommandations formulées lors de cet événement seront suivies d’actions concrètes pour accompagner cette dynamique et assurer un développement durable et éthique du secteur.
Sonia H.