Le tribunal met l’affaire en délibéré
Le verdict de l’affaire de l’assassinat, en août 2021, du jeune Djamel Bensmaïl à Larbaâ Nath Irathen devrait être connu dans quelques jours. C’est ce qu’a annoncé, hier, en début de soirée, la juge de la cour d’appel criminelle d’Alger à la fin des plaidoiries de la défense qui ont duré trois jours. Vu l’importance du dossier et surtout le nombre d’accusés, le verdict de cette affaire ne sera pas connu avant la date annoncée. Selon des avocats, la juge et son jury assermenté devraient répondre à plus de 1200 questions. Hier, c’était les supposés militants du mouvement MAK, classé organisation terroriste en mai 2021, qui ont été défendus par plusieurs avocats. La défense a mis en avant «l’absence de ces militants sur le lieu du crime». «Comment peut-on accuser des citoyens d’un crime aussi crapuleux alors qu’ils n’étaient pas sur le lieu du crime ? Pire encore, les supposées preuves avancées pour les inculper sont actuellement introuvables», a dit Me Lila Hadj-Arab, qui défend particulièrement Mohamed Laskri. «Ils ont dit qu’il a reçu un SMS d’un responsable du MAK résidant à l’étranger, mais cet SMS est introuvable», a-t-elle dit, estimant que la majorité des militants inculpés dans cette affaire «ont quitté ce mouvement depuis plusieurs années». Me Hadj-Arab a également plaidé en faveur de Yacine N. Yacine, Azwaw H. Amrane H. Youcef. G. qu’elle considère comme des victimes collatérales. «Nous n’avons pas le droit de condamner des jeunes sur la base de preuves fragiles», a-t-elle plaidé, appelant la juge à prendre en compte le fait que ces citoyens ont quitté ce mouvement depuis plusieurs années, indiquant qu’ils ont tous déclaré qu’ils ont quitté avec M. Bouaziz Aït Chebib, et que ce dernier a été acquitté par la justice dans sept dossiers. Maîtres Houali, Sofiane Dekkal, Ouali, Hamchache, Mokrane, Allik, ont tous estimé que les raisons d’inculpation «manquent cruellement d’arguments palpables». Me Alili Yamina a abondé dans le même sens en considérant que les prévenus n’ont pas été confrontés à des preuves tangibles, mais à des allégations desquelles des preuves ont été tirées avec célérité. Me Alili a appelé le tribunal à ne pas faire encore des victimes. Ce sont Me Mustapha Bouchachi et Me Cheurfi qui ont clôturé les plaidoiries. A rappeler que le procès en appel s’est ouvert dimanche dernier, et ce, après un premier report le mois de juillet passé. Il aura duré ainsi une semaine. Une semaine durant laquelle parties civiles et défense ont tenté d’apporter leurs «preuves». Le représentant du parquet a demandé ainsi dans son réquisitoires les peines maximales contre tous les accusés. Soit la peine capitale pour ceux impliqués dans le meurtre et de dix ans de réclusion criminelle assortis de 500 000 DA d’amende pour les autres accusés, poursuivis pour attroupement armé, agression, incitation au meurtre. Le procureur de la République a lui appuyé également sur le principe de circonstances aggravantes contre les accusés. A rappeler aussi que le tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda avait condamné, le 24 novembre 2022, 94 individus pour meurtre et lynchage de Djamel Bensmaïl, assassiné en août 2021 à Larbaâ Nath Irathen. Le même tribunal avait condamné 49 accusés à la peine capitale, 28 autres à des peines allant de deux à dix ans de prison ferme, et avait acquitté 17 autres prévenus. Les condamnés sont accusés d’actes terroristes et subversifs attentatoires à la sécurité de l’Etat, à l’unité nationale et à la stabilité des institutions ainsi qu’à leur fonctionnement normal, en semant la terreur au sein de la population et en créant un climat d’insécurité par l’agression morale et physique contre les personnes, mettant leurs vies et leurs biens en danger. Ils sont également poursuivis pour homicide volontaire avec préméditation, délit d’agression portant atteinte à l’intégrité territoriale et complot pour commettre des délits prévus à l’article 77 du Code pénal.
L. Hichem