Taux de rémunération, de la Banque d’Algérie, des devises étrangères
Le dollar s’impose dans toutes les situations
Par Yacine Merzougui
Le marché des dépôts en devises représente un indicateur économique important, car reflétant les fluctuations monétaires et les stratégies des institutions financières. À travers une analyse approfondie des données de la Banque d’Algérie de 2022 à 2025, nous allons explorer les nuances complexes de la rémunération des dépôts dans différentes devises. L’Instruction n°01-2022 : la rémunération des comptes en devises décryptée. L’instruction n°01-2022 de la Banque d’Algérie représente un tournant décisif dans la
réglementation des comptes en devises, dessinant un nouveau paysage financier qui impacte directement les stratégies d’épargne et d’investissement des personnes physiques et morales en Algérie.
Depuis plusieurs années, l’économie algérienne traverse une période de transformation profonde. Les fluctuations du marché pétrolier, les défis économiques internationaux et la nécessité de diversifier les sources de revenus ont poussé les institutions financières à repenser leurs mécanismes de gestion monétaire.
L’instruction du 5 janvier 2022 s’inscrit dans cette dynamique de modernisation et de transparence. Elle vient clarifier et encadrer les conditions de rémunération des comptes en devises, un segment financier particulièrement sensible et stratégique.
Champ d’application large et détaillé
Le texte couvre un spectre exceptionnellement large de détenteurs de comptes en devises :
Personnes physiques de nationalité algérienne résidentes
Personnes physiques de nationalité algérienne non résidentes
Personnes physiques de nationalité étrangère résidentes
Personnes physiques de nationalité étrangère non résidentes
Comptes des commerçants
Comptes des exportateurs
Cette approche exhaustive démontre la volonté des autorités monétaires de créer un cadre réglementaire unifié et équitable. La rémunération des dépôts à terme s’articulera désormais autour de principes clairement établis. Le taux de placement sera fixé trimestriellement par la Banque d’Algérie, permettant une adaptabilité constante aux réalités économiques changeantes.
Points clés de la rémunération :
Durée maximale de dépôt : 12 mois
Taux fixé trimestriellement
Contrats fermes et non révisables
Résiliation anticipée entraînant la perte totale de rémunération
Un régime particulier pour les commerçants et exportateurs
Élément distinctif de l’instruction, les avoirs en comptes devises des commerçants et exportateurs font l’objet d’un traitement spécifique. Contrairement aux autres catégories, ces comptes :
Ne peuvent pas faire l’objet de dépôts à terme
Ne donnent lieu à aucune rémunération
Cette disposition traduit probablement une stratégie de régulation des flux financiers dans ces secteurs économiques stratégiques.
Mécanisme de gestion bancaire
Les banques bénéficieront, de la part de la Banque d’Algérie, d’une commission de gestion fixée à 0,50% annuel, versée en dinars algériens. Cette commission sera calculée sur le solde moyen annuel de l’ensemble des comptes devises.
Aspects techniques de la commission :
Calcul sur le solde moyen annuel
Versement unique par an
Effectué au début de chaque exercice
Couvre l’année précédemment écoulée
Cette instruction abroge l’instruction N°01/BA/DGRFE du 20 février 1991, marquant une rupture claire avec les anciennes pratiques. Elle symbolise la modernisation progressive du système bancaire algérien, qui s’adapte aux standards internationaux tout en préservant ses spécificités locales.
Au-delà de sa dimension technique, l’instruction révèle plusieurs orientations stratégiques :
Volonté de transparence dans la gestion des comptes en devises
Adaptation aux mutations économiques internationales
Encadrement plus strict des pratiques bancaires
Protection des intérêts des différents acteurs financiers
Un regard prospectif
L’instruction n°01-2022 ne doit pas être vue comme un simple texte réglementaire, mais comme un signal fort envoyé par la Banque d’Algérie. Elle témoigne de la transformation en cours du système financier algérien, qui cherche à concilier tradition et modernité.
Le texte traduit une approche pragmatique : réguler sans bloquer, encadrer sans décourager l’initiative. Il offre un cadre clair aux acteurs économiques, tout en leur laissant des marges de manœuvre. Fruit d’une réflexion approfondie, signée par le gouverneur Rosthom Fadli, cette instruction marque une étape importante dans l’évolution du système bancaire algérien. Elle répond aux
défis contemporains tout en préparant le terrain pour les mutations économiques à venir. Sa mise en application depuis le 2 janvier 2022 ouvre une nouvelle page dans la gestion des comptes en devises, invitant tous les acteurs – particuliers, commerçants, banques – à repenser leurs stratégies financières.
L’année 2022 : dynamique Générale
L’année 2022 a marqué une période de transformation significative pour les taux d’intérêt. Les principales caractéristiques de cette année ont été :
Une tendance haussière généralisée des taux d’intérêt
Une progression constante tout au long des quatre trimestres
Un reflet des tensions inflationnistes mondiales
Performance par Devises
Dollar US
Le dollar américain a connu une croissance spectaculaire, passant de 0,25% à 3,10% sur l’année, démontrant une dynamique particulièrement robuste.
Euro
En comparaison, l’euro a affiché une progression plus modeste mais constante, évoluant de 0,15% à 1,25%.
Livre Sterling
La livre sterling a présenté une augmentation significative, passant de 0,90% à 2,50%, signalant une vitalité économique notable.
Couronne Norvégienne
La révélation de l’année fut la couronne norvégienne, avec la meilleure progression, grimpant de
1,45% à 3,70%.
L’année 2023 : continuation de la tendance haussière
L’année 2023 a confirmé la dynamique de 2022 avec :
Une hausse progressive des taux d’intérêt
Des variations significatives selon les devises
Performances Remarquables
Dollar US : Progression constante de 4,25% à 5,30% sur 1 an
Livre Sterling : Évolution de 2,75% à 5,05%
Rial Saoudien : Croissance de 3,50% à 5,15%
L’année 2024 : une stabilisation relative
Tendances Clés
L’année 2024 a été caractérisée par :
Des fluctuations modérées des taux
Un maintien des taux à des niveaux élevés pour certaines devises
Une relative stabilité comparée aux années précédentes
Devises Phares
Dollar US : Maintien de taux entre 4,90% et 5,30%
Livre Sterling : Variation entre 4,75% et 5,05%
Rial Saoudien : Oscillation de 5,00% à 5,25%
Perspective T1 2025 : une lecture prospective
Observations Analytiques
- Tendance Générale
o Augmentation systématique des taux avec la durée du dépôt
o Prime d’immobilisation des fonds clairement établie - Classement des Rendements
o Taux les plus élevés à 1 an :
Norvège (4,90%)
Dollar US (4,50%)
Livre Sterling (4,25%)
o Taux les plus bas :
Yen Japonais (proche de zéro)
Euro (très faibles taux)
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Banque d’Algérie en janvier 2025
Début d’année très timide pour l’économie nationale
Solde du compte capital de la Banque d’Algérie a enregistré à la fin du second trimestre de 2024 un résultat négatif de 11 millions de dollars, alors qu’il se situait à -30 millions de dollars au premier trimestre de la même année. Ces chiffres ont été récemment communiqués par la Banque d’Algérie. Ce recule est la résultante de plusieurs facteurs, dont le recul du prix moyen des hydrocarbures, l’augmentation des transferts pour les investissements à l’étranger et tant d’autres facteurs qui, de manière générale, n’influent pas négativement sur la tendance globale des grands équilibres de la balance des payements.
Tableau des prix moyens du baril de pétrole au cours des dernières années
Année/Trimestre Prix unitaire (US $ par baril)
2018 71,3
2019 64,4
2020 42,1
2021 72,7
2022 103,7
2023 83,7
2024 80,3
Il faut rappeler que le solde global de la balance des paiements a enregistré, en 2023, son deuxième excédent consécutif après huit (08) années de déficits continus (2014-2021). Cependant, cet excédent s’est fortement contracté passant de 18,468 milliards de dollars en 2022 à 6,347 milliards de dollars en 2023. Cette évolution est expliquée par la détérioration du solde des opérations courantes et de capital, sur la période, dans un contexte d’une relative amélioration du solde des opérations financières. Le recul de l’excédent du compte courant et de capital, entre 2022 et 2023, est dû essentiellement à la baisse des exportations de biens, notamment, celles des hydrocarbures et dans une moindre mesure à la hausse des importations de biens et de services. De plus et en termes de position extérieure globale, l’important excédent du solde global de la balance des paiements enregistré en 2022 ainsi que celui de moindre ampleur constaté en 2023 ont permis la reconstruction du stock des réserves officielles de change (or monétaire non compris). Elles ont atteint 60,944 milliards de dollars à fin 2022 et 68,988 milliards de dollars à fin 2023.
- En ce début de l’année 2025, la Banque d’Algérie a maintenu en janvier un taux directeur constant de 3%, qui continue de rassurer les investisseurs et encourager l’extension à outrance de l’outil de production nationale. L’autre nouveauté réside dans la faible croissance de la circulation fiduciaire qui se situe à hauteur de 1.44 %, une valeur bien en deçà des performances affichées au cours des dernières années. Idem pour la croissance des crédits à l’économie qui s’est contentée de 1.06, alors qu’elle frôlait les 5% dans les trois
- dernières années. Pour sa part, la croissance de la masse monétaire M2 est restée figée à seulement 1.44%, ce qui est devenu une tradition de début d’année, dans la mesure où pendant l’année 2024, cette croissance de la masse M2, n’a pas atteint le seuil de 1% au cours des mois de janvier et de février.
- Indicateurs du secteur réel
- La croissance du PIB 2ème trimestre 2024 (Base 2001), annoncée par la Banque d’Algérie se situe à hauteur de 3.6%. Un chiffre qui aura été constant depuis le début de l’année. Quant au taux d’inflation en glissement annuel (Janvier 2025), la Banque d’Algérie le fixe à 3.7%. Ce chiffre peut être interprété comme une victoire sur la hausse vertigineuse des produits agro-alimentaires sur les marchés internationaux, fléchissant de nombreuses économies pourtant réputées robustes. Les efforts consentis par l’Etat dans le soutien à de nombreux produits de première nécessité ont largement couvert le spectre de la hausse de certains biens importés.
- Y. Merzougui